D’abord, je souhaite bien du plaisir à ceux qui prendront la voiture ce dimanche et dans les semaines à venir. Parce que, certes, de 11 à 20 000 panneaux seront installés, mais le temps qu’ils le soient, l’automobiliste est tout de même censé se conformer à la nouvelle réglementation. Et puis, dans le cas des routes à trois voies, ça reste à 90 du côté où se trouvent les deux voies de circulation. Ça promet des maux de tête assez éprouvants. Mais ne vous inquiétez pas, les radars, eux, seront paramétrés le jour J, de sorte que vous puissiez recevoir vos premiers PV dès les départs en vacances. Mais bien entendu, tout ça se fait au nom du Bien, et la preuve, c’est que le ministère de l’Intérieur nous l’assure : le produit de ces verbalisations supplémentaires viendra abonder un fonds d'investissement pour la modernisation des structures sanitaires et médico-sociales spécialisées dans la prise en charge des accidentés de la route.
De fait, cette mesure est faire pour économiser des vies. Le problème d’une telle logique, c’est qu’elle n’a pas de fin. Évidemment que la vitesse tue. Plus une voiture roule vite et plus la probabilité de se tuer en cas de choc est élevée. Mais à quel moment faut-il s’arrêter ? Après tout, à 70 km/h, il y aurait moins de morts qu’à 80. Et à 50, moins qu’à 70. Alors, on fait quoi ? On arrête la voiture ? Pourquoi pas, mais dans ce cas, il faut prévoir une alternative. Or, les mêmes qui nous font la leçon sur la vitesse qui tue sont les premiers à expliquer que militer pour la décroissance, c’est vouloir retourner à la bougie. En fait, ces dames patronnesses des temps modernes oublient une vérité : ce n’est pas la vitesse qui tue, c’est la vitesse non adaptée aux circonstances. C’est-à-dire les fautes de pilotage. Parce que la base de la conduite, c’est d’adapter sa vitesse aux conditions de conduite : le manque de visibilité, l’état de sa voiture, l’état de la route, la météo… Or justement, avec le passage à 80 km/h, la limitation sera la même en cas de pluie et par beau temps. Allez comprendre.
Nous sommes des adultes et des citoyens. Et la préservation de notre liberté individuelle est l’un des piliers de la démocratie. Notre protection ne passe donc pas par des interdits de l'État mais par l’éducation, pour que chacun maîtrise son véhicule plutôt que de se croire tout-puissant au volant. Évidemment, l’éducation, ça prend du temps, c'est compliqué. Les interdits, c’est plus rentable.