Édouard Philippe fait ses annonces à midi. Va-t-on assister enfin à la fin des régimes spéciaux ?
Et bien je vais vous décevoir. Non rien. Absolument rien ne va changer. Tous les régimes spéciaux vont rester. Alors bien sûr le Premier Ministre va essayer d’expliquer qu’il met en place un système universel. Et que de fait, il va mettre fin aux avantages exorbitants des cheminots ou des conducteurs de métro. Mais ce ne sera que des mots. Et c’est bien pourquoi Édouard Philippe a reconnu qu’il n’avait pas de réponses magiques à proposer. Et hier lors des questions au gouvernement, le Premier Ministre a dû avouer qu’il ne pourrait pas faire disparaître les régimes spéciaux. Du moins immédiatement. Et c’est pour eux que l’on va mettre en place la clause du grand-père.
En quoi cette clause va diluer toute la réforme ?
Selon les informations ça veut dire que le changement de régime s’appliquerait aux cheminots nés en 1985. C’est une porte de sortie du conflit qui a été testée il y a quelques jours auprès de la CGT qui n’a pas vraiment répondu. Une telle solution permettrait à plus de 100.000 cheminots de garder leur régime spécial, c’est-à-dire les trois quarts. Idem pour la RATP. Mais surtout imaginez que cette solution soit retenue. Cela veut dire que le gouvernement a reculé de la génération 1963 à 1985. Cela signifie donc que la réforme qui devait s’appliquer en 2025 ne démarrerait vraiment pour la SNCF en 2045 voire plus tard. Imaginer une réforme dont certains des principaux effets ne commenceront que dans un quart de siècle, ça s’appelle une reculade. Ça laisse le temps aux organisations syndicales d’obtenir un retour en arrière. En politique c’est ce qu’on appelle habiller une véritable défaite en rase campagne. Je vous rappelle que ces régimes spéciaux coûtent 4 milliards d’euros chaque année à l’état. Une dépense qui est donc bien partie pour continuer au moins 25 ans.