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Polémique autour d’une charte pour l’emploi des locaux en Corse 

Par Benjamin Rieth avec AFP

Une charte défendue par le nationaliste Jean-Guy Talamoni, président de l’assemblée de Corse, favorisant le recrutement de Corses sur l’île suscite la polémique.

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Le texte préparé depuis un an et rédigé par l’université de Corse a été signé le 24 mai par le Syndicat des travailleurs corses (STC), les présidents des chambres de métier, commerce et agriculture, l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH), et des syndicats étudiants. "Beaucoup d'entreprises nous contactent parce qu'il y a une adhésion à l'idée et pour l'image de l'entreprise, c'est sain", assure Jean-Guy Talamoni

"Discrimination à l'embauche" répond le préfet

Cette charte prévoit que les entreprises signataires favorisent "le recrutement de ceux qui ont leurs centres d'intérêts moraux et matériels en Corse et dont les compétences sont suffisantes". Ainsi, selon ce texte, sont visés "ceux qui sont nés en Corse, qui y ont suivi leurs études, qui y vivent ou qui y ont habité, mais qui ont été contraints de la quitter (...), ceux qui ont des attaches familiales ou qui sont propriétaires de biens immobiliers". Il faut "faire de la langue corse une différence compétitive", stipule par ailleurs le texte, qui prévoit que dans le secteur public, la langue corse soit intégrée "dans toutes les missions de service public".

Néanmoins, ce texte ne plaît pas du tout au préfet de la région, Bernard Schmeltz. Dans un courrier daté du 15 mai et transmis aux entreprises locales, il dénonce une "discrimination à l'embauche" et rappelle que toute entreprise signataire s'exposerait à des "poursuites civiles et pénales". "La réponse faite par le préfet porte exclusivement sur une analyse juridique et non politique", a-t-on assuré dans son entourage. Une lettre qui ne passe pas pour Jean-Guy Talamoni, pour qui "la réponse du préfet est choquante".

Une charte "en faveur de l'emploi local"

L’élu corse rappelle que la Ville de Paris a elle aussi mis en place une "Charte de développement de l'emploi local et de la responsabilité sociale de l'entreprise". Cette charte signée entre la capitale et, entre autres, l'Armée de Terre, Sodexo, Adecco, AG2R La Mondiale ou le groupe Casino, a notamment pour vocation de "favoriser l'accès à l'emploi des Parisien(ne)s", comme indiqué sur le site de la mairie de Paris. "Ce ne serait pas discriminatoire à Paris mais en Corse oui? Comment faire comprendre aux Corses que ça ne peut pas se faire chez eux alors que ça se fait à Paris, où le taux de chômage est moins élevé?" déplore Jean-Guy Talamoni.

Cette charte est "en faveur de l'emploi local" sur une île qui compte plus de 22 000 demandeurs d'emploi soit 11% de chômeurs, se défend le nationaliste, estimant que "les Corses doivent pouvoir travailler dans l'île sans avoir à choisir entre le chômage, le renoncement à un meilleur emploi ou l'exil". "Dans les chartes signées dans les autres régions, il n'y a pas d'éléments sur une différenciation en fonction du lieu des intérêts moraux et sociaux" du demandeur d'emploi, répond au dirigeant nationaliste le cabinet du préfet de Corse.

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