Après le code du Travail, place à l’assurance-chômage et la formation professionnelle dans l’agenda des réformes sociales d’Emmanuel Macron. Le chef de l’État devrait ainsi annoncer de nouvelles mesures ce jeudi, les syndicats craignant d’ores et déjà la fin programmée du paritarisme et de leur pouvoir de gestion des ressources allouées à la formation professionnelle. Auteur d’un rapport sur cette dernière et économiste à l’université d’Aix-Marseille, Gilbert Cette était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce jeudi. Selon lui, une réforme apparaît inéluctable au vu de l’inefficacité chronique du système.
Des formations "courtes, peu qualifiantes et pas fournies aux bonnes personnes"
"De multiples rapports ont été faits sur la formation professionnelle en France, et tous aboutissent au constat qu’elle n’est pas efficace. Elle draine énormément de ressources – plus de 32 milliards d’euros chaque année, une somme colossale – et elle n’est pas efficace pour plusieurs raisons. D’abord parce que les formations sont souvent courtes et peu qualifiantes. Elles ne sont bien souvent pas fournies aux gens dont la distance à l’emploi est la plus forte, alors qu’on attendrait que ce soit eux qui en bénéficient le plus. Le nombre de prestataires de formations professionnelles est incroyablement élevé en France : plus de 60 000, deux fois plus qu’en Allemagne ! Et enfin la complexité, avec une multitude d’intervenants, de tuyauterie et de canalisations qui rendent le système opaque pour tout le monde et qui contribuent à son inefficacité", explique-t-il.
"Dans beaucoup d’entreprises, elle est perçue comme une récompense pour les salariés"
Parmi les pistes de réformes envisageables, Gilbert Cette plaide notamment pour une plus grande rigueur dans l’octroi des formations professionnelles. "Il faudrait que la relation avec Pôle Emploi soit beaucoup plus forte qu’elle ne l’est aujourd’hui, puisque, par définition, Pôle Emploi traite les chômeurs. La mobilisation des ressources de la formation professionnelle devrait davantage bénéficier aux chômeurs, qui peuvent pâtir d’un problème d’adaptation de leur qualification, qu’à des salariés qui parfois sont déjà bien formés et tout à fait adaptés à leur poste de travail. (…) La formation professionnelle bénéficie à des publics très variés. Dans beaucoup d’entreprises, elle est gérée de façon un petit peu automatique et est parfois perçue comme une façon de récompenser des salariés voire des cadres méritants, en leur offrant un court stage de formation dans un lieu agréable avec des prestataires dont la qualité n’est pas forcément avérée. Il n’y a pas d’exigence généralisée à la hauteur de l’enjeu et des ressources mobilisées", déplore-t-il.
Réécoutez en podcast l’interview de Gilbert Cette dans le Grand Matin Sud Radio