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GAFAM : "On a créé des médias d’exception" explique Olivier Bomsel

Le digital est-il devenu un univers sans foi ni loi ? Où tout peut se pratiquer, à l’encontre même des règles les plus élémentaires ? Comment a évolué le web depuis des dizaines d’années ? Ses principaux acteurs ont-ils pris trop de pouvoir ? Pour en parler, Olivier Bomsel, professeur d’économie à l’école des Mines, était l’invité de “Bercoff dans tous ses états" mardi 19 avril, pour son livre co-écrit avec Rémi Devaux, "Nouveaux Western - Qui peut réfréner les géants du web ?"

Olivier Bomsel
Olivier Bomsel, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Cela fait plusieurs années que le Web ne cesse de se développer ? Vu au départ comme un véritable outil de développement et d’émancipation, Internet fait aujourd’hui peur. Ses principaux acteurs, les GAFAM, qu’il s’agisse d’Amazon, de Google ou encore de Facebook, inquiètent jusqu’aux plus hautes sphères du pays. L’innovation, le renouveau, la liberté, des mots que l’on accolait autrefois au digital, ont laissé la place à un business planétaire et féroce. 

Le statut unique des GAFAM

En tentant de décrypter les bienfaits et les dangers de ces fameux GAFAM, Olivier Bomsel pose les bases d’un contexte potentiellement explosif. C’est ce que démontre ce professeur d’économie à l’école des Mines dans son dernier livre, co-écrit avec Rémi Devaux, Nouveaux Western - Qui peut réfréner les géants du web ? 

Il rappelle qu’aux débuts d’Internet, outre-Atlantique, au moment de la conception de la loi sur le cyberespace, on a créé un statut d’hébergeur pour ces GAFAM. Ce statut exempte de responsabilité les plateformes qui distribuent des services en ligne, quant aux dommages que pourraient causer leurs utilisateurs. "Par exemple, une plateforme qui a vocation à faire du commerce comme Amazon ou eBay, si elle distribue des contrefaçons, elle n’est pas responsable", explique-t-il.

GAFAM : "Les hébergeurs ne sont soumis à rien"

Olivier Bomsel précise que cette immunité du départ a très fortement encouragé des pratiques peu vertueuses par la suite. À commencer par le piratage d’oeuvres artistiques et culturelles, comme la musique ou encore les films et les séries. "Cela a été un facteur d’attraction très forte des consommateurs vers ces services. Pendant très longtemps, les ayant droits du copyright ont essayé de porter plainte contre ces plateformes, qui ont affiché leur statut d’hébergeur pour se protéger. Et cela dure encore. C’est le statut qui prévaut pour ces plateformes", ajoute-t-il.

De fait, d’hébergeurs, ces GAFAM sont devenus des éditeurs, qui ne sont en rien responsables des publications de leurs utilisateurs. "On a créé des médias d’exception qui dérogent au statut multicentenaire de l’édition, qui veut que l’éditeur est civilement responsable. Les hébergeurs ne sont soumis à rien", lance-t-il. Il témoigne d’une véritable impunité qui pose évidemment problème aujourd’hui.

Après la conquête de l’Ouest, la conquête du web

Olivier Bomsel dresse le parallèle de la croissance des GAFAM sur Internet avec le développement de l’industrie lourde outre-Atlantique, avec le chemin de fer, la sidérurgie. D’où le western. "Il y avait de très grosses économies d’échelle. Plus les wagons étaient remplis, moins le coût du kilomètre était cher. On a vu apparaître des trusts. Ces monopoles sont très présents dans la culture industrielle américaine. Dans les années 90, quand la puissance américaine a décliné, le cyberespace est apparu comme le nouvel espace à conquérir. Ils vont proposer des règles d’encadrement qui soient très favorables à l’obtention d’économies d’échelle", précise-t-il.

Aujourd’hui, ces GAFAM, que sont Amazon, Google, Facebook, Twitter et bien d’autres, ont remplacé Rockefeller ou encore JP Morgan. Des entreprises qui, derrière leur image jeune, de réseau, leur engagement de façade aux grandes causes de notre siècle, cachent une cupidité et une volonté de pouvoir qui devrait tous nous faire réfléchir.

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff chaque jour à 12h dans Bercoff dans tous ses états Sud Radio.

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