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Une correspondance inédite d'Alfred Dreyfus chez Grasset

Par Desmoulins

C'est aujourd'hui, le mercredi 22 mars 2017, que l'éditeur Grasset publie Lettres à la Marquise, une correspondance entre le lieutenant-colonel Alfred Dreyfus et la marquise Marie-Louise Arconati Visconti. De quoi lever un peu plus le voile - déjà bien fin, certes - qui flotte sur cette période troublée de l'histoire française.

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Condamné pour haute trahison en 1898, on l'accusait d'avoir transmis des documents confidentiels aux Allemands, le lieutenant-colonel Dreyfus sera réhabilité en 1906. Une période de huit ans, durant laquelle les Français se disputèrent avec âpreté, si bien que le pays fût bientôt divisé entre dreyfusards et antidreyfusards. On peut relier cette affaire à un certain nombre de phénomènes et d'événements du début du siècle, un antisémitisme développé, le « J'accuse » d'Émile Zola dans l'Aurore et le futur conflit avec l'Allemagne du Kaiser Guillaume II, afin de libérer l'Alsace-Lorraine.

Avec cette compilation inédite, les éditions Grasset déterrent un véritable petit morceau d'histoire. De fait, la correspondance entre l'officier juif et la marquise Arconati Visconti, s'étend de 1899 à 1923 et consiste en des commentaires sur la vie politique et culturelle de la Troisième République. Il faut dire que la marquise, fille du journaliste et homme politique Alphonse Peyrat, était une femme d'influence dans les salons parisiens, en plus d'être une fervente républicaine laïque. Au fur et à mesure des lettres, on est donc témoin du début de l'affaire, de sa fin, du vote de la loi séparant l'église et l'état, des premières années de la SFIO, du ministère de Clemenceau et des grèves qui en résultèrent, du transfert des cendres de Zola au Panthéon, et enfin, de la Grande Guerre.

Des commentaires sur plus de 20 ans d’histoire française

Naturellement, les grandes figures s'invitent dans cette lecture. Des hommes politiques d'envergures comme Émile Combes, George Clemenceau, Jean Jaurès, Aristide Briand, mais aussi des personnages plus discrets, comme les historiens Auguste Molinier et Gabriel Monod, qui ont soutenu Dreyfus tout au long de l'affaire. Dreyfus lui-même y apparaît comme un personnage engagé dans le combat politique français et souhaitant préserver la France autant que son honneur.

Il partage d'ailleurs sa vision d'officier de l'armée française, lorsqu'il écrit en 1918 au sujet de l'Allemagne vaincue : « Les événements se précipitent beaucoup plus rapidement que l'on ne se l'était imaginé : la bête de proie est acculée et ne sait plus où donner de la tête. La Bocherie et son empereur cherchent à tirer leur épingle du jeu, au meilleur compte, mais j'espère bien qu'on ne se laissera pas duper et qu'on exigera l'acceptation de toutes nos conditions, sans discussion. Il suffit d'ailleurs de relire le discours anniversaire de Guillaume II au banquet anniversaire d'Hindenburg, il y a 6 mois environ, pour se rendre compte qu'il faut les obliger à plier sans conditions. Leur fourberie est incommensurable et leur cynisme impudent. »

Heureusement, les Allemands sont devenus gentils depuis !

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