C'est via twiter et sous le pseudonyme de Marcelin Deschamps, que Mehdi Meklat écrivit, il y a quelques années, un grand nombre de messages injurieux, s'attaquant à de nombreuses personnalités et communautés. Ce fiel est remonté lorsque le jeune homme a modifié son compte en y précisant son vrai nom, ce qui permit à des utilisateurs alertes, comme le dessinateur de presse Joann Sfar, d'épingler les messages en demandant si tout cela était bien normal.
Les injures révélées couvrent un large éventail de professions, les dessinateurs de Charlie Hebdo étant invités à crever de façon répétée, de couleurs de peau, de sexes et de religions, la communauté musulmane étant la seule épargnée. Ainsi, des gens comme la journaliste Caroline Fourest, la responsable politique Marine le Pen, l'académicien Alain Finkielkraut, ou le dessinateur Charb, en prennent pour leurs grades. Devant la violence de ces affirmations, il n'est pas étonnant de constater une indignation générale d'une bonne partie de mouvements politiques français, celle-ci venant aussi bien de la gauche Laïque que de la droite et l'extrême droite.
« Ben Laden me manque. »
Plus laconiques, mais non moins graves, certaines des proclamations en 150 caractères regrettent la mort de Ben Laden, qui « aurait pu tout faire péter ». Et, toujours sans aucune stupéfaction, l'on constate que beaucoup de gens tombent des nues. Il faut dire que Mehdi Meklat, qui est aussi l'un des chroniqueurs du Bondy Blog, un média en ligne racontant les banlieues en partenariat avec le journal Libération, était il y a peu en couverture des Inrockuptibles avec l'ancienne garde des Sceaux, Christiane Taubira.
Si des journalistes comme Pascale Clark, France Inter, et Claude Askolovitch, ont apporté leur soutien au jeune homme, François Busnel, l'animateur de la Grande Librairie, explique qu'il n'aurait pas invité l'auteur de ces messages s'il avait été au courant de leur existence. Pour ce qui est du responsable de ce haineux bavardage, il a effacé 50 000 de ses tweets et argumente que Marcelin Deschamps était un personnage fictif, qui « questionnait la notion d'excès et de provocation. »
Il va désormais être un peu plus compliqué pour Mehdi Meklat d'expliquer à des gens, comme le ministre Laurence Rossignol, que leur position sur la question du voile est « insultante » et « raciste ». En attendant, il pourra se consacrer à « Téléramadan », un magazine en ligne qu'il a fondé avec ses amis Mouloud Achour et Badroudine Saïd Abdallah, qui vise à donner une image décomplexée et positive des jeunes musulmans français. En tout cas, la moitié du chemin est déjà faite.