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Stéphane Rozès : "Malgré des défis communs, les peuples se replient"

Stéphane Rozès, politologue et auteur de "Chaos - Essai sur les imaginaires des peuples" (Éditions du Cerf), était l'invité de "Bercoff dans tous ses états".

Stéphane Rozès
Stéphane Rozès, invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Comme l'explique Stéphane Rozès, l'aplatissement des cultures par les multinationales et Internet est un mythe. En plus, l'identité des nos contemporains est enracinée dans notre histoire la plus profonde.

 

Stéphane Rozès : "Notre identité, c’est notre façon de faire et d’être qui fait la continuité"

"'L’identité', le mot est piégé parce que pour les Français, comme disait le poète René Char, notre héritage n’est précédé d’aucun testament. Si on dit 'identité', on se réfère à l’imaginaire allemand, qui va chercher dans le passé la source de ce qui va bien ou pas. Au cours de la dernière campagne présidentielle, Éric Zemmour dit : 'il y a un problème d’identité, il faut l’aborder'. Les Français sont d’accord et le soutiennent massivement au début : il met cette question sur la table, alors que d’autres voulaient l’esquiver. Mais il dit : 'notre malheur est civilisationnel et identitaire au sens où nous nous sommes éloignés de nos origines'.

Mais ce n’est pas ça, notre identité. Notre identité, comme disait René Char, c’est notre imaginaire, notre façon de faire et d’être qui fait la continuité repérée par Tocqueville et Péguy. Quand Péguy dit 'la République une et indivisible, notre royaume de France', il a bien compris la mystique derrière la République, la continuité. Moi, je nomme ça l’imaginaire. Ce sont des verticalités. On me rétorque : 'mais il y a eu la Révolution!'. Non, ce sont des apparences.

Pourquoi je n’utilise pas le terme 'identité' ? Parce que si vous prenez les Africains ou les Orientaux, notre vision occidentale est fort différente. Pour les Orientaux, l’homme n’est pas maître et possesseur de la nature, il doit se fondre dans la nature. Et pour nos amis africains, il y a un continuum, le soleil est presque plus proche de nous que la tribu d’à côté."

"Ce qu’on investit dans nos pratiques de consommation demeure radicalement différent"

La globalisation n’a-t-elle pas entaillé, effrité, séquencé l’imaginaire des peuples ? "J’ai discuté avec les professionnels du numérique, ils disent : 'oui, les gens utilisent nos outils aux quatre coins de la planète, mais leur investissement est différent'. J’ai travaillé chez McDonald’s : la manière dont on fréquente un McDonald’s en France n’a rien à voir avec celle qu’il y a ailleurs.

Donc, anthropologiquement, on peut avoir les mêmes pratiques apparentes de consommation et d’utilisation de services, mais ce qu’on y investit demeure radicalement différent. Dans l’articulation entre représentation et pratique, il y a l’intentionnalité. Il y a une apparence que le néo-libéralisme unifie le monde, mais dans la pratique, les peuples se replient nonobstant les défis environnementaux et sanitaires qui devraient les pousser à se dire : 'on a des défis communs, unissons-nous'" , a répondu Stéphane Rozès.

 

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Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez “Le face à face” d’André Bercoff chaque jour à 12h30 dans "Bercoff dans tous ses états" Sud Radio.

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