Dans son dernier numéro, la revue Frontières se penche sur le clientélisme de certaines mairies vis-à-vis de leurs administrés musulmans.
Jules Laurans : "Ce bail emphithéotique a été donné pour 99 ans pour la somme d'un euro"
Quelles formes peuvent prendre les faveurs accordées par les mairies aux musulmans ? "Le premier cas est un cas d'échange vraiment de clientélisme, un cas clinique : c'est la ville de Poissy. La maire a décidé d'accorder un bail emphithéotique à l'association des musulmans de Poissy. Un bail emphithéotique, c'est la possibilité d'avoir le droit sur une location, c'est pour 99 ans, c'est un quasi-propriétaire. Et ce bail emphithéotique a été donné pour 99 ans pour la somme d'un euro", a raconté Jules Laurans.
"En plus, j'ai pu remonter et accéder à un document qui est un mail qui avait été envoyé quelques mois auparavant par cette même association qui a reçu le bail emphithéotique, qui s'adressait à la mairie. Et l'association exprimait le fait d'être très heureuse d'avoir une maire très concernée par les préoccupations et considérations des musulmans localement. Mais surtout, elle expliquait que si elle avait une faveur vis-à-vis du bail emphithéotique, elle mobiliserait sa communauté pour aller voter lors des prochaines élections municipales. On est sur un cas clinique. Et cette proposition, on voit que la mairie l'a acceptée puisqu'elle a même donné le bail emphytéotique pour un euro. Elle ne pouvait pas faire mieux ! On a une preuve d'un échange de faveurs entre une association culturelle et un maire", a poursuivi Jules Laurans.
"À Éragny-sur-Oise, le parking de la mosquée est désormais à l'utilisation exclusive des musulmans"
Autre mécanisme : un don qui serait fait à une mairie en échange d'une faveur. "Ce qu'on a essayé de faire aussi dans cette enquête, c'est de voir les autres modalités, tout ce qui est en train d'arriver aujourd'hui. Ce sont des des mécanismes auxquels on ne s'attend pas. On a par exemple un cas que je n'ai vu nulle part ailleurs. J'ai interrogé beaucoup d'amis juristes, des personnes à la Cour des comptes - ils m'ont tous répondu qu'ils n'avaient jamais vu ça. C'est à Éragny-sur-Oise, nous sommes encore en Île-de-France. Il y a un maire et qui s'appelle Thibault Imbert, qui s'était d'ailleurs beaucoup engagé sur l'affaire Samuel Paty. C'est pour ça que j'ai été particulièrement étonné par ce qui s'est passé localement.
Il y a une association des musulmans d'Érangy-sur-Oise qui, en 2022, a fait un don de 3.000 euros à la municipalité. C'est-à-dire qu'une association cultuelle a fait un don de 3.000 euros comme ça, gracieusement, à la municipalité. C'est leur droit, mais simplement, vous savez qu'un don ne doit avoir aucune faveur en échange. Le don doit être désintéressé. Et lorsqu'on se penche sur ce que fait le maire depuis, on se rend compte que le parking de la mosquée désormais sera à l'utilisation exclusive des musulmans et ne sera qu'au prix d'un euro, alors qu'il était à la base accessible pour tous. On se rend compte également que le loyer de la mosquée n'est pas très cher : 300 euros. Ce n'est pas illégal, mais c'est encore une fois une certaine faveur. Mais surtout, ce parking est sorti de la propriété du domaine public, il a été déclassifié", a raconté Jules Laurans.
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