Comme l'explique Jean-Baptiste Noé, il y a finalement peu d'éléments fédérateurs aux États-Unis.
Jean-Baptiste Noé : "Aux États-Unis, il y a un effet de radicalisation où chacun va camper sur ses positions"
Les États-Unis sont-ils un pays divisé ? "On dit toujours, à juste raison d'ailleurs, qu'il y a des tensions au sein des États-Unis, il y a effectivement des groupes qui sont parfois opposés. Mais là, ça prend une dimension qu'on a rarement vue dans les décennies écoulées, même quand il y avait des tensions politiques ou des affrontements politiques. Et surtout, ce qui est ennuyeux pour l'unité américaine, c'est qu'on a du mal à avoir des éléments qui pourraient servir de fédérateurs. Il y a un effet de radicalisation où chacun va camper sur ses positions et va de plus en plus affermir ses positions sans possibilité de dialogue entre les différents mouvements. Et ça, c'est effectivement assez inquiétant."
On a l'impression qu'aux États-Unis, encore plus que chez nous, les gens sont dans leur bulle : chacun suit les médias et les réseaux sociaux dont il se sent proche… "L'élément négatif des réseaux sociaux, c'est que chacun va aller sur ceux qui pensent comme lui ou qui vont le confirmer. Donc, on a un biais de confirmation. On va dire : 'voilà, j'ai raison de penser ça puisque tel média dit exactement ça'. Et donc, on ne va plus forcément chercher des médias ou des réseaux qui vont avoir un pont de vue inverse. Mais la contradiction aide aussi à réfléchir et à sortir un peu de son confort. Et puis, ensuite, vous avez un phénomène de parts de marché où, pour attirer des téléspectateurs, il faut être encore plus dans l'insulte. Et donc, ça va créer une sorte d'individualisation exacerbée", a commenté Jean-Baptiste Noé.
"Comment rendre le futur État palestinien viable ? C'est tout le problème"
Sur le dossier israélo-palestinien, est-on proche d'un certain règlement ? "Si les otages sont libérés et qu'un accord de paix est trouvé, je m'en réjouis. Et c'est ce que, je pense, tout le monde espère. Donc, ce serait une bonne chose. Le problème, c'est que pour l'instant on a eu beaucoup de promesses. Sur le dossier ukrainien, on n'a pas vu grand-chose. Et on sait bien que c'est un conflit qui dure depuis 1947. La question palestinienne est sans solution. Donc, attendons de voir. En tout cas, Netanyahu s'est toujours opposé à un État palestinien. On a notamment la colonisation en Cisjordanie qui est faite pour l'empêcher. Et vous avez le Hamas qui continue à vouloir éradiquer Israël", a estimé Jean-Baptiste Noé.
Donald Trump et Emmanuel Macron semblent tous les deux avoir une vision pour en finir avec ce conflit. Est-ce ainsi ? "Les deux font des choses. Même s'il était beaucoup critiqué, Emmanuel Macron a quand même engagé la diplomatie française. Et des pays comme le Royaume-Uni et l'Australie l'ont suivi. Donc, la diplomatie française a été force de proposition et a pu créer un sillon derrière. Ce que je trouve intéressant, c'est qu'il y a l'annonce de l'État palestinien, c'est symbolique. Et il y a surtout derrière un vrai projet dans un camp comme dans l'autre : chez Trump comme chez Emmanuel Macron. Ils ont bien compris que ça ne suffisait pas de dire simplement 'Je reconnais l'État de Palestine', il faut aussi avoir un projet pour le rendre viable. Et c'est tout le problème. Et c'est là où les deux vont se retrouver avec des difficultés. C'est comment faire vivre un État quand les frontières ne sont pas clairement définies, quand il n'y a pas de structure administrative, quand il n'y a pas de ressources financières. Donc, au-delà du symbole, comment fait-on pour le faire exister concrètement ? C'est là où arrive la difficulté."
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