Ce sont des images plus que perturbantes qui ont été diffusées sur un groupe WhatsApp d'éducateurs d'un foyer parisien. On y voit des professionnels de l'aide sociale à l'enfance raser le crâne d'un enfant, Eliott, âgé de 8 ans, placé sous leur responsabilité, tout en le filmant à des fins évidentes d'humiliation.
Sur ces images filmées en février, l'enfant apparaît torse nu, assis sur une chaise les bras croisés, tandis qu'une personne lui rase la tête à l'aide d'une tondeuse, prétextant une sanction. Mardi, le parquet de Paris a annoncé avoir ouvert une enquête pour "violences volontaires sur mineur de quinze ans par personne ayant autorité".
Le signe de professionnels "épuisés"
Invité du Grand Matin Sud Radio, au micro de Patrick Roger, Hamza Bensatem, ancien enfant placé et président d'Adepape 13, une association d'entraide pour les jeunes confiés ou anciens confiés à l'ASE est revenu sur cette vidéo.
"C'est surtout le signe d'une protection de l'enfance à bout de souffle, de l'épuisement des professionnels. Il y a un abandon, dénonce-t-il. Quand je vois qu'ils filment cette humiliation, c'est honteux alors que vous avez 400 000 enfants confiés à l'ASE. Ces enfants n'ont pas choisit d'être placés là".
Enfant de 8 ans tondu à l'ASE : "C'est le signe d'une protection de l'enfance à bout de souffle, de l'épuisement des professionnels. Il y a un abandon" dénonce Hamza Bensatem, ancien enfant placé #GrandMatin https://t.co/rLZpglXhte pic.twitter.com/Gvc6pF6ZS4
— Sud Radio (@SudRadio) December 11, 2025
"Aujourd'hui, vous vous retrouvez avec des professionnels qui ne sont pas formés, des intérimaires, du personnel qui a seulement le BAFA..."
Passée la stupéfaction, Hamza Bensatem tient à pointer le manque de formation de ces éducateurs : "Ce n'est pas une histoire d'argent et de moyens, mais d'ambitions autour de la protection de l'enfance", explique-t-il au micro de Patrick Roger. "Il n'y a pas de taux d'encadrement requis, il peut y avoir un éducateur pour 16 enfants. Mais il faut surtout une formation exigeante et une vraie politique de recrutement. Aujourd'hui, vous vous retrouvez avec des professionnels qui ne sont pas formés, avec des intérimaires, avec du personnel qui a seulement le BAFA, une formation de cinq jours. Ces professionnels sont eux-mêmes en difficulté et viennent aider d'autres jeunes en difficulté. Du coup, ça crée des dysfonctionnements, ça crée des jeunes qui grandissent avec des troubles psychologiques, ça crée des jeunes qui se retrouvent SDF une fois majeurs."
Les failles profondes d'un système
Cette affaire vient donc une nouvelle fois mettre en lumière les failles profondes d’un système censé protéger les plus vulnérables. Alors que l’enquête devra établir les responsabilités de chacun, les appels à réformer l’ASE, à renforcer la formation des professionnels et à garantir un encadrement digne, adapté et de qualité, se font plus pressants que jamais.
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