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Sanofi, la pilule ne passe pas | Le coup de gueule de Philippe David

Par Philippe David

Le géant pharmaceutique Sanofi a annoncé un plan d’investissement de 20 milliards de dollars aux États-Unis d’ici 2030. Une décision qui soulève des interrogations en France, alors que l’entreprise a largement bénéficié d’aides publiques nationales. Ce choix stratégique intervient à la veille du sommet “Choose France”, organisé à Versailles pour attirer les investisseurs étrangers.

Comme d'habitude, Philippe David va remettre le clocher au milieu du village. Un village qui se trouve dans le 17ᵉ arrondissement de Paris. Pourquoi le 17ᵉ arrondissement de Paris ? Parce que c'est là que se trouve le siège de Sanofi, et que l’annonce faite par le groupe pharmaceutique hier a suscité de vives réactions dans les sphères politique et économique, jusqu'au ministre de l’Économie et des Finances.

Sanofi mise sur les États-Unis

En effet, le groupe a annoncé un investissement de 20 milliards de dollars aux États-Unis d’ici 2030. Une décision qui interroge, car Sanofi a bénéficié de l’argent des contribuables français à hauteur de 108 millions d’euros de crédit d’impôt recherche en 2023, sans compter 12,2 millions d’euros de bonus apprentissage et 5 millions d’euros d’aides diverses via Bpifrance, l’Ademe, etc. Sans oublier, bien évidemment, qu’à l’instar de toutes les entreprises françaises, Sanofi a profité du "quoi qu’il en coûte", dont la facture réelle reste encore incertaine.

Quand les aides publiques financent les départs

Sanofi, qui a dégagé près de 9 milliards d’euros de bénéfices en 2024, est pourtant en train de supprimer 325 postes au sein de Sanofi Aventis R&D, à Gentilly, Vitry-sur-Seine et Montpellier. Un plan de licenciements, pudiquement rebaptisé en France "Plan de sauvegarde de l’emploi", qui a d’ailleurs été annulé par la justice le 1er avril dernier.

En résumé, les contribuables financent la recherche d’un groupe qui fait des profits… pour mieux supprimer des postes en France et investir ailleurs. Il va falloir sérieusement s’interroger sur la cohérence de l’utilisation des aides publiques, notamment celles accordées aux multinationales. Pas étonnant que le directeur général de la Caisse des Dépôts, Éric Lombard, ait exprimé son agacement :

« L'ampleur des investissements aux États-Unis, c'est sûr que c'est un mauvais signal à un moment où nous considérons et nous sommes convaincus que l'Europe et la France, c'est l'endroit où il faut investir. »
« C'est un moment désagréable et une annonce désagréable. »

Un moment désagréable, en effet, surtout lorsque l’on sait que ce lundi, Emmanuel Macron recevra à Versailles les patrons du monde entier pour la 8ᵉ édition de "Choose France", dans le but de vanter l’attractivité du pays. Un conseil : qu’il pense à prendre du Doliprane – que Sanofi continue heureusement à produire – pour affronter le week-end de préparation.

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