single.php

Praxis : le nouveau « mégaphone » des Gilets jaunes ?

Nés en 2018 dans une France en colère contre la vie chère et l’éloignement du pouvoir, les Gilets jaunes ont profondément marqué le paysage social et politique. François Boulo, ancien porte-parole du mouvement, croit encore en la possibilité de « reprendre le pouvoir » citoyen, sans violence, à travers son nouveau projet, Praxis.

Le nouveau moyen de communication des gilets jaunes
(Photo by Valérie Dubois / Hans Lucas via AFP)

Six ans après les premiers blocages de ronds-points, le mouvement des Gilets jaunes semble s’être effacé du paysage médiatique. Pourtant, pour François Boulo, ancien avocat et porte-parole des Gilets jaunes, l’esprit du mouvement n’a jamais disparu. « On est toujours empêtrés dans les mêmes problèmes », déplore-t-il au micro de Sud Radio, évoquant la hausse du coût de la vie, la crise des services publics et la défiance envers les élites politiques.

Le mouvement n’existe plus sous sa forme d’origine, mais ses causes comme la perte de pouvoir d’achat, le sentiment d’injustice fiscale et l’éloignement du pouvoir, demeurent. « Les gens payent plein d’impôts dans un pays très taxé, mais les services publics s’effondrent : l’hôpital, l’école, la justice. » Le constat, que François Boulo et les Gilets jeunes répétaient déjà en 2018, reste donc inchangé selon lui.

Transformer la colère de la rue en outil démocratique en ligne

Mais plutôt que d’appeler à un retour des manifestations, François Boulo a choisi la voie numérique. Après plusieurs vidéos sur sa chaîne Youtube Praxis afin de pointer du doigt les décisions politique, il souhaite faire évoluer ce projet personnel. En effet, l’ancien avocat souhaite faire de Proxis une plateforme en ligne conçue pour « faire émerger les consensus » au-delà des clivages partisans. « Aujourd’hui, tout le débat public s’organise autour du système électoral, une compétition où chaque parti veut gagner. Il n’existe aucun espace où l’on cherche à se mettre d’accord », explique-t-il.

Le principe est simple : permettre aux citoyens de voter en ligne sur des propositions concrètes comme la reconnaissance du vote blanc, la transparence des dépenses publiques ou la renationalisation des autoroutes. Le but est également d’identifier les propositions qui rassemblent une large majorité. « Quand 75 ou 80 % des gens soutiennent une mesure, ce n’est plus une opinion partisane, c’est un consensus national », insiste-t-il.

Apporter des propositions aux pouvoirs publics

L’objectif est donc d’apporter ces propositions aux pouvoirs publics, avec la légitimité du nombre. « Le pouvoir, puisqu’ils ne nous le donneront jamais, il faut aller le prendre. Et pour le prendre, il faut faire le nombre », martèle-t-il. Pour ce faire, Praxis se veut apartisan. « On va prendre toutes les idées, d’où qu’elles viennent, et regarder si elles sont bonnes ou non. Le pays est trop en difficulté pour se payer le luxe de trier les idées selon les étiquettes », explique-t-il. 

Pour éviter toute récupération politique, le projet ne prévoit aucune participation électorale : « Sinon, on rentrerait dans la logique de concurrence, donc on ne pourrait pas faire consensus. » Contrairement au mouvement « Bloquons Tout », prônant des actions directes, parfois violentes, contre les infrastructures étatiques, Praxis se veut donc un espace de participation pacifique et constructive.

« Trouver des solutions pour le pays et pour les Français »

La plateforme, actuellement en financement participatif, prévoit une première mise en ligne pour mars 2026. Elle sera accompagnée d’un média indépendant destiné à produire du contenu citoyen et à alimenter les débats. François Boulo, qui avait déjà fondé une chaîne YouTube du même nom, veut que ce média traite « de tous les sujets », de l’économie à l’écologie, en passant par la souveraineté et l’immigration.

Pour Boulo, le défi est clair : prouver que les citoyens sont capables de s’auto-organiser sans sombrer dans le chaos. « On nous dit toujours que les gens sont ignorants, qu’ils ne savent pas. Eh bien, nous allons démontrer le contraire (…) Le but, ce n’est pas de gagner une compétition, c’est de trouver des solutions pour le pays et pour les Français », conclut-il. 

« Praxis va tenter de transformer cette action en institution »

Praxis n’est pas encore en ligne, mais le calendrier n’est pas anodin : la campagne de financement s’achève le 17 novembre, date anniversaire du début du mouvement des Gilets jaunes. Un symbole assumé. François Boulo n’y voit pas une résurgence du passé, mais une évolution : « Les Gilets jaunes ont fait dans l’action, Praxis va tenter de transformer cette action en institution. » Et si, six ans après, la révolution des ronds-points trouvait enfin sa traduction politique ?

L'info en continu
14H
13H
12H
10H
09H
07H
Revenir
au direct

À Suivre
/