single.php

Maladies animales, Mercosur, budget : le ras-le-bol des agriculteurs

La colère monte parmi les agriculteurs, dont les syndicats ont souligné mercredi au Sommet de l'élevage le ras-le-bol face à l'instabilité gouvernementale, en l'absence de ministre à ce grand rendez-vous agricole.

agriculteurs
Les agriculteurs en ont marre. (Laurent Ferrière / Hans Lucas via AFP)

Après les grandes mobilisations de l'hiver 2024, l'idée n'est pas de "mettre la France à sac" mais que l'État "donne un cadre" aux agriculteurs qui ont "envie de se projeter, de produire et de transmettre leurs outils", a déclaré Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, syndicat dominant.

Comprendre: des mobilisations sont envisagées, en premier lieu parmi les viticulteurs dans les prochaines semaines, mais l'alliance FNSEA-JA attend d'abord d'avoir un interlocuteur au gouvernement et une proposition de budget pour avancer ses pions.

"Je crois que le ras-le bol qu'expriment les agriculteurs sur l'incapacité à savoir où on va, beaucoup de Français l'expriment", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

- Application de la loi Duplomb -

Même son de cloche à la Coordination rurale, le secrétaire général Christian Convers demande de "la stabilité gouvernementale" et la réunion rapide d'un "Parlement du sanitaire" au ministère pour réunir tous les acteurs de l'élevage afin de réfléchir de nouveau au protocole d'abattage total des foyers contaminés par la dermatose nodulaire contagieuse et à la vaccination.

Cette maladie plane sur le sommet de Cournon, près de Clermont-Ferrand, puisqu'elle a empêché la venue de 1.300 bovins et les éleveurs touchés attendent des indemnisations.

FNSEA, JA et Coordination rurale demandent aussi la publication des décrets de la loi visant à lever les "contraintes" au métier d'agriculteur adoptée cet été.

"Rien ne sert de se presser"

"Est-ce que, établir des décrets, ce n'est pas une affaire courante (pour un ministre démissionnaire, ndlr) quand les textes ont été votés ?", s'est interrogé au sommet le sénateur LR Laurent Duplomb, issu de la FNSEA et à l'origine de la loi. Selon lui, les décrets suivent le parcours habituel et devraient être publiés dans les prochains mois.

Concernant une éventuelle nouvelle proposition de loi pour réintroduire en France l'acétamipride, "rien ne sert de se presser" sans "gouvernement ni visibilité", dit-il. Mais le sénateur y travaille.

La réintroduction de ce néonicotinoïde interdit en France mais encore autorisé dans l'Union européenne, nocif pour les pollinisateurs, a été censurée cet été par le Conseil constitutionnel après des débats très houleux.

Défendre l'"Exception agriculturelle"

La cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, a elle aussi déambulé mercredi parmi les éleveurs, s'arrêtant auprès des stands de la FNSEA et de la Coordination rurale, dont certains membres ne cachent pas leur proximité avec le RN.

M. Convers, qui affirme ne pas être dans "les jeux politiques", attendait d'elle une position ferme sur le Mercosur que Marine Le Pen a exprimée sans surprise lors d'une conférence de presse.

Accusant les Européens de "naïveté" sur les accords de libre-échange qui ont "boosté les importations" au détriment de la balance commerciale française, elle a accusé la Commission européenne de vouloir uniquement "sauver l'industrie allemande" et d'encourager "la concurrence déloyale" sur les produits agricoles.

Elle n'a toutefois pas précisé comment elle comptait défendre "l'exception agriculturelle", la conférence ayant largement été consacrée au contexte politique malgré l'ambition annoncée de s'afficher aux côtés des éleveurs "en difficulté".

Le rétropédalage de Macron

L'opposition à l'accord de libre-échange entre l'UE et des pays du Mercosur fait l'unanimité, dans la classe politique (le Parlement l'a quasi unanimement rejeté lors de votes en 2024) comme dans les allées du sommet de l'élevage.

Mais les syndicats agricoles dénoncent la déclaration en septembre d'Emmanuel Macron qui, après s'être opposé à l'accord "en l'état" pendant des années, s'était dit prêt à le signer d'ici fin 2025, sous certaines conditions pour protéger notamment l'agriculture.

La Confédération paysanne, troisième syndicat agricole et proche de la gauche, a dénoncé mardi un "double discours" ayant visé à "faire croire" que la France était contre l'accord pour éviter de grandes mobilisations contre un accord "mortifère pour les paysans et les paysannes". - AFP°

(Par Mathilde DUMAZET - AFP)

L'info en continu
17H
16H
15H
13H
12H
11H
Revenir
au direct

À Suivre
/