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Macron, Président des excuses

Par Philippe David

En visite à Madagascar, Emmanuel Macron relance le débat sur la repentance en évoquant le "pardon" pour la colonisation. Une démarche devenue récurrente, qui interroge sur les limites de cette politique mémorielle et sur l'inflation des excuses à travers l'Histoire.

France's President Emmanuel Macron speaks at Father Pedro's Akamasoa association in Antananarivo on April 24, 2025. (Photo by Ludovic MARIN / AFP)

Comme d’habitude, je vais remettre le clocher au milieu du village, un grand village qui s’appelle Tananarive.

Pourquoi Tananarive ? Parce que c’est dans cette ville qu’Emmanuel Macron, en visite d’État à Madagascar, a déclaré ce matin vouloir créer les « conditions » du « pardon » de la colonisation de l'île lors d'une séquence mémorielle au palais du Rova.

Et je n’en peux plus de ces repentances, semaine après semaine, que le Président de la République formule au gré de ses voyages ou de ses prises de parole. La semaine dernière, c’était la repentance sur la dette d’Haïti, cette semaine c’est sur la colonisation de Madagascar. Comme on est passés de l’océan Atlantique à l’océan Indien, on peut présager une repentance prochaine dans le Pacifique, peut-être en Polynésie ou en Nouvelle-Calédonie.

Mais quitte à faire des repentances, qu’il en fasse partout. Il n’y a pas que dans les outre-mers que la France a commis des crimes. Dans de nombreuses régions françaises, des dragonnades ont massacré les protestants refusant de se convertir. À quand un tour de France des repentances, dans le Poitou, les Cévennes et ailleurs ?

Pendant les guerres de Vendée, au nom de la République, les colonnes infernales ont détruit des villages entiers. À quand une repentance présidentielle en Vendée ? Durant la Terreur, toujours au nom de la République, des milliers de personnes furent noyées à Nantes. Quand viendra le temps des excuses là-bas ?

Et si l’on sort de France : pendant la guerre de Trente Ans, des villages alsaciens furent massacrés par les troupes suédoises. Emmanuel Macron va-t-il demander une repentance au gouvernement suédois ? Et aux Arabes pour l'invasion jusqu’à Poitiers au VIIIème siècle ? Aux Romains pour avoir colonisé la Gaule après la défaite de Vercingétorix ?

Pour conclure, puisqu'il évoquait la dette envers Haïti, va-t-il réclamer à l’Allemagne de solder les réparations du traité de Versailles, dont seulement 20 milliards de marks or sur les 132 dus ont été payés ?

Bref, si l'on regarde 2000 ans d’histoire, nous n’en avons pas fini avec les excuses et les demandes d’excuses. Mais une chose est certaine, à deux jours des obsèques du Pape où Emmanuel Macron se rendra samedi : il y a bien une prière qu’il n’aura pas besoin de réviser, puisqu’il la récite comme un mantra — l’acte de contrition !

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