Françoise Degois, drôle d'époque avec cette phrase qui jette un peu le trouble du chef d'état-major des Armées qui a déclaré : « Il faut accepter de perdre nos enfants ».
« C'est tellement violent que c'est passé des réseaux sociaux directement aux médias. Il y a des sujets télévisés, radiophoniques, partout sur cette phrase. Alors je voudrais recadrer la personnalité de Fabien Mandon.
C'est un aviateur et un général d’aviation. C'est aujourd'hui le plus haut gradé de l'armée française puisqu'il est le chef d'état-major des armées. L’homme qui est à côté du président Emmanuel Macron sur tous les sujets. Qu’il s'agisse du secret défense, de la dissuasion nucléaire et même de la diplomatie parallèle. Alors avec cette phrase choc prononcée devant des maires sidérés, il a déclenché une tempête.
Mais que dit Fabien Mandon ? Il dit que la Russie continue de s’armer. Son armée compte déjà 1,3 million d'hommes et elle continue de recruter ce qui pourrait monter à 2 millions en 2030. Il dit aussi que la Russie fabrique plus d'armes et de munitions qu'elle ne tire sur le front ukrainien. Et que face aux Etats-Unis qui se désengagent, l'Europe est nue, seule face à un ogre qui considère finalement l'OTAN comme sa seule menace existentielle. Donc elle pourrait nous attaquer cette Russie et nous devrions nous défendre. »
"Une phrase au mieux maladroite, au pire parfaitement pensée"
Et c'est là que le bas blesse.
« Oui vous êtes dans un moment français particulièrement difficile. Vous avez une crise politique doublée d'une crise budgétaire. Une France qui est fatiguée psychiquement. Il n'y a pas un endroit où elle se sent bien, où ça va bien.
Le front du chômage, le pouvoir d'achat, le logement etc. Elle est aussi déchirée par une forme de communautarisme, des polémiques permanentes. Et voilà Fabien Mandon comme une fleur qui dit aux maires, qui fleurissent chaque année leurs monuments aux morts dans toutes les communes de France, qu'il faudra accepter de perdre ses enfants.
Cette phrase au mieux maladroite, au pire parfaitement pensée est là pour provoquer un choc et est donc à côté de la plaque pour toutes ces raisons. Ça n'est pas le moment de le dire. Surtout on ne peut pas le dire comme ça. »
Propos du chef d’état-major des Armées : "Cette phrase est à côté de la plaque, ce n'est pas le moment de le dire (…) et ça relance tous les pro-Poutine ! (…) Comment Macron peut-il laisser passer ça ?" dénonce @francoisedegois #GrandMatin https://t.co/uvTCL8jvSs pic.twitter.com/11dheUePrm
— Sud Radio (@SudRadio) November 20, 2025
"Cette phrase relance tous les pro-Poutine et les complotistes"
Pourquoi ne peut-on pas le dire comme ça ?
« Car elle relance tous les pro-Poutine. Et ils sont quand même nombreux à droite, à l'extrême droite, qui se déchaînent depuis deux jours. Et puis tous les complotistes, ceux qui pensent qu'Emmanuel Macron est en train tout simplement de préparer une guerre pour pouvoir se maintenir au pouvoir. J'entends ce genre de théories et elles sont plus nombreuses que vous le pensez.
Genre le président qui déclencherait la guerre pour pouvoir rester et contourner la constitution. Et donc vous affaiblissez la cause que vous pensiez servir en alertant sur le danger russe. Il est évident ce danger russe dans toutes les ingérences, pour toutes les démocraties. Quand vous dites perdre ses enfants, immédiatement, de façon quasiment pavlovienne, vous avez quelle image ? Vos enfants dans une tranchée, en train de mourir en 14-18 sur le front de la Somme. »
"Ça a sifflé derrière le képi"
C'est assez inquiétant ou pas ?
« Oui, oui, la parole libre est inquiétante. Parce que l’armée c'est la grande muette. Et on n'a jamais vu un chef d'état-major bavasser autant. Il jacasse, ce n'est pas la première fois qu'il s’exprime. Il s'est déjà exprimé devant l'Assemblée nationale, avec ce genre de petites phrases. On sait qu'il est très proche d'Emmanuel Macron, qui lui confie des missions diplomatiques, ce qui n'est pas normal. Il élargit beaucoup trop ses compétences.
La cellule diplomatique de l'Elysée est littéralement en guerre, avec des sacs de sable contre Fabien Mandon. Mais on est en droit de se demander, comment le chef de l'État peut laisser passer cela ? Apparemment, hier soir, il lui a passé une soufflante. C'est ce que disent les témoins. Ça a sifflé derrière le képi. Mais c'est quand même la marque d'une faiblesse et d'une fin de règne. Ou alors c'est concerté et c'est tout aussi grave. C'est-à-dire qu'il y en a un qui dit « c'est toi qui vas alerter et puis moi, je continue à négocier ». C'est grave parce que la guerre n’est pas un jeu. »
Retrouvez Drôle d'époque dans le Grand Matin Sud Radio au micro de Patrick Roger.