Dans un communiqué publié ce lundi 26 mai, le CNCT tire la sonnette d'alarme sur la métatine, un dérivé de la nicotine encore plus addictif. Elle annonce également attaquer en justice le fabricant Aroma King. On en a parlé dans le Petit Matin avec le Professeur Yves Martinet, le Président du CNCT (Comité National Contre le Tabagisme).
La métatine, c’est un analogue de la nicotine. Il s’agit d’une drogue de synthèse, fabriquée soit entièrement par voie chimique, soit à partir de nicotine. Concrètement, c’est une molécule de nicotine à laquelle est ajoutée un groupement méthyle. Le résultat, c’est une forme modifiée qu’on appelle 6-méthyl nicotine. Cela reste donc de la nicotine dans sa structure de base.
Quels sont les effets de cette substance sur l’organisme, et notamment sur l’addiction ?
Ce produit est non seulement addictif, mais il semble l’être encore davantage que la nicotine naturelle. Il permet également aux fabricants de contourner la législation en affirmant qu’ils ne vendent pas de la nicotine à proprement parler, mais un produit non encore interdit par la loi. Cela trompe les consommateurs, qui peuvent penser qu’il ne s’agit pas d’un produit addictif, alors que c’en est un, et même plus puissant. Cela trompe également les pouvoirs publics, puisque le cadre réglementaire en place concerne uniquement la nicotine classique et les produits du tabac, mais pas encore ses analogues.
Sous quelle forme se consomme la métatine aujourd’hui ?
Ce produit est consommé sous diverses formes : dans des cigarettes électroniques, dans des sachets dits « de nicotine » ou encore dans des dispositifs comme les puffs. Cette pratique a débuté aux États-Unis, mais elle commence à se répandre en Europe, notamment en Suisse et en France.
La vente de cette substance est-elle légale en France aujourd’hui ?
Sur le plan légal, la situation est floue. Le produit n’est pas explicitement interdit, et c’est bien là le problème. L’objectif, c’est que le cadre réglementaire qui s’applique à la nicotine soit élargi à tous les analogues de la nicotine pour éviter une course sans fin entre l’industrie qui crée de nouveaux dérivés et la loi qui tente de suivre. C’est exactement ce qu’on a vu dans d’autres domaines, comme les anabolisants, où chaque nouvelle molécule échappe temporairement à l’interdiction.
Quel message souhaitez-vous faire passer à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac qui aura lieu le 31 mai ?
Le message principal est celui porté par l’Organisation mondiale de la santé : lever le masque sur les manipulations de l’industrie du tabac. C’est également l’objectif du CNCT (Comité national contre le tabagisme), qui souhaite alerter sur ces stratégies.
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