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« Il faut empêcher nos enfants de glander en se servant de l’IA ! »

Par Justine Houllé

ENTRETIEN SUD RADIO - L’intelligence artificielle s’invite massivement dans le quotidien des Français et chez les 18-24 ans en particulier qui l'utilisent à toutes les sauces. Face à cette révolution, les méthodes d’enseignement traditionnelles sont-elles dépassées ? Coauteur de « Ne faites plus d’études : apprendre autrement à l’ère de l’IA », Laurent Alexandre tire la sonnette d'alarme.

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Nos méthodes d’enseignement traditionnelles sont-elles dépassées par l'IA ?

Si les Français s’adaptent vite à l’utilisation de l’IA, l’école, de son côté… peine à suivre. Dans son essai « Ne faites plus d’études : apprendre autrement à l’ère de l’IA »(Buchet-Chastel), Laurent Alexandre (et son collègue économiste Olivier Babeau) tire la sonnette d’alarme : « L’école n’a pas suivi le développement de la technologie », explique-t-il au micro de Sud Radio. Preuve à l’appui, le chirurgien devenu essayiste cite un exemple frappant : « Aujourd’hui, ChatGPT est quatre fois meilleur que les médecins pour faire un diagnostic. Pire : ChatGPT plus médecin, c'est moins bon que ChatGPT sans médecin ».

Pour Laurent Alexandre, la formation actuelle ne rend pas les professionnels complémentaires de l’IA, mais les met en concurrence avec elle. L’enjeu est donc plus qu’urgent : « Il faut que nos gamins, dans les années qui viennent, apprennent à être complémentaires de l’IA, et pas écrabouillés par elle ».

« Il faut évaluer les étudiants sans IA, miser sur l’oral et la pensée critique »

Par ailleurs, Laurent Alexandre alerte sur une fracture grandissante : « Contrairement à ce que les gens espéraient naïvement quand ChatGPT est sorti, l’IA est une machine à augmenter les écarts entre ceux qui s’en servent pour aller plus loin, pour continuer à se cultiver, et ceux qui glandent en utilisant l’IA ».

Selon lui, l’école doit apprendre à « muscler le cerveau », à développer la curiosité, la culture générale... mais aussi la volonté d’agir. « À l’ère de l’intelligence gratuite, ce qui compte, c’est la motivation et la culture. Il faut évaluer les étudiants sans IA, miser sur l’oral et la pensée critique », souligne Laurent Alexandre. Un constat également partagé par Gabriel Lattanzio, professeur agrégé à l’université Panthéon-Sorbonne : « L’université n’a pas pris la pleine mesure du phénomène. Du côté du politique aussi, il y a un problème d’initiative. Depuis 3 ou 4 ans, c’est la politique de l’autruche ».

« On ne met pas de moyens pour éduquer le cerveau de nos gamins ! »

« Aujourd’hui, pendant que les géants de l’IA sont en train d’investir 2 900 milliards de dollars pour l’éducation des intelligences artificielles », l’école publique manque cruellement de moyens. « On met des sommes folles pour éduquer l’IA et on ne met pas du tout de moyens pour éduquer le cerveau de nos gamins. C’est scandaleux, honteux, mais c’est surtout suicidaire de procéder ainsi », s’indigne Laurent Alexandre.

Avec son livre au titre provocateur, Laurent Alexandre souhaite envoyer un message clair : l’intelligence artificielle ne doit pas remplacer l’effort intellectuel, mais le stimuler. « Dans un monde où l’IA galope, il va falloir être malin et travailleur. Il faut empêcher nos enfants de glander en se servant de l’IA, et plutôt leur apprendre à utiliser ces outils pour mieux faire et surtout, pour penser mieux et pas moins » conclut-il.


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