Les cinq joueurs professionnels de hockey sur glace accusés d'agression sexuelle sur une femme sont non coupables, a tranché un tribunal canadien jeudi, dans une affaire très médiatisée qui a secoué ce sport national au Canada.
"Sur la base de tous les éléments de preuve, je constate que la plaignante a effectivement exprimé son désir d'avoir des relations sexuelles avec les hommes", a déclaré la juge Maria Carroccia devant une salle d'audience bondée à London, dans la province de l'Ontario, à l'issue de l'un des procès les plus suivis de l'histoire récente du pays.
Elle a en outre affirmé qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves pour déterminer que son consentement "était influencé par la peur".
Les accusés, Alex Formenton, Carter Hart, Dillon Dube, Michael McLeod et Cal Foote, qui ont tous évolué au sein de la NHL (la ligue nord-américaine), ont été jugés pour des événements survenus dans une chambre d'hôtel en juin 2018.
Ils avaient plaidé non coupable à l'ouverture du procès en avril.
Au début de la lecture du jugement, qui a duré plusieurs heures, Maria Carroccia a indiqué ne pas trouver ni "crédible ni fiable" le témoignage de la plaignante, ajoutant que les procureurs ne sont pas parvenus à prouver au-delà de tout doute raisonnable les accusations.
Une déclaration qui a provoqué des exclamations dans la salle et des larmes chez les membres de la famille des joueurs, ont rapporté les médias présents.
Cinq heures plus tard, elle a déclaré non coupable les cinq accusés qui, assis à côté de leurs avocats, n'ont pas réagi sur le coup.
- Plusieurs problèmes -
L'accusatrice, âgée de 20 ans à l'époque et dont l'identité est protégée, a expliqué avoir rencontré les joueurs dans un bar après un gala de la fondation de la fédération Hockey Canada. Elle s'est rendue avec l'un d'entre eux dans sa chambre d'hôtel, où ils ont eu des relations sexuelles consenties.
Le joueur a ensuite envoyé un message dans un groupe de discussion, demandant à ses coéquipiers si quelqu'un était intéressé par un "plan à trois".
Les procureurs ont fait valoir que les accusés ont eu des relations sexuelles avec la plaignante pendant plusieurs heures sans s'assurer de son consentement.
Les avocats de la défense ont de leur côté soutenu que la femme avait participé de son plein gré, avait initié certains actes et qu'elle avait porté plainte pour agression après avoir regretté ses choix.
La juge a soulevé des "incohérences" et des "aspects troublants" dans la manière dont la plaignante s'est souvenue des événements, notant que la femme affirmait qu'elle disait "sa vérité", et non la vérité, "ce qui semble brouiller la frontière entre ce qu'elle croit être vrai et ce qui est objectivement vrai".
- Une cause "vouée à l'échec" -
Une première enquête classée par la police en 2019 a été rouverte après la publication par la presse en 2022 d'informations qui ont provoqué une onde de choc dans tout le pays, révélant que Hockey Canada avait conclu un accord confidentiel de plusieurs millions de dollars avec la plaignante.
La fédération avait été accusée d'avoir tenté d'étouffer l'affaire.
Mais la police avait "pris la bonne décision il y a sept ans", a lâché aux journalistes Daniel Brown, l'avocat d'un des joueurs.
"Les pressions politiques et médiatiques ont remis cette accusation sous les feux de l'actualité", a-t-il ajouté, accusant les procureurs d'avoir poursuivi une cause "vouée à l'échec".
"Le récit public de cet événement était, jusqu'à ce procès, partial et non vérifié", a renchéri Megan Savard l'avocate d'un autre joueur. "Aujourd'hui, la procédure pénale a démontré qu'il était faux".
Plusieurs manifestants étaient devant le tribunal pour soutenir la plaignante. "Très déçue" par ce verdict "dévastateur", son avocate, Karen Bellehumeur, estime que "le système judiciaire doit faire mieux ".
Par Jorge UZON avec Anne-Marie PROVOST à Montréal / London, Ontario (Canada) (AFP) / © 2025 AFP