Judith Soula : Vous n'allez pas finir dans le même club, mais quand on regarde vos carrières, vous êtes indissociables, vous avez joué quinze ans, cinq ans à Pau et dix au Biarritz Olympique. Vous avez décroché deux titres de champions de France ensemble, deux Grands Chelems en 2002 et 2004 et vous avez vécu trois coupes du monde. Tu avais décidé d’arrêter un peu avant Damien Traille, mais il y a deux jours je lisais encore que quand tu es arrivé au stade toulousain, tu es arrivé comme un junior, tu aurais pu jouer encore ?Imanol Harinordoquy : Je suis arrivé comme un junior dans la façon d'intégrer le stade, quand on intègre une grande équipe et un grand club comme cela, on arrive sur la pointe des pieds.Est-ce que vous vous êtes appelé pour discuter de votre fin de carrière, ce genre de décision, on l'a prend seul, avec sa famille, ses proches ? Moi ça fait un petit moment que j'avais pris ma décision, c'était clair dans ma tête. Avec Damien, on a eu quelques discussions, mais je n'ai pas réussi à le convaincre de continuer. Est-ce qu'on est vraiment prêt à arrêter, même une fois que la décision est prise ?Pour ma part je ne pense pas, la décision est déjà difficile à vivre. Tant qu'on n’a pas vraiment joué le dernier match, je pense qu'on ne réalise pas que ça va s'arrêter. Je n'ai pas trop d'appréhension, mais je pense que je vais avoir une réaction peut-être après le match dans les mois à venir. Je risque d'avoir une vive émotion, il y aura des moments difficiles. C'est comme quand on devient papa, je pense qu'on n'est jamais prêt, mais on fait avec.On ne sait pas encore si Toulouse jouera son barrage à domicile ou à l'extérieur, mais la saison va continuer puisque Toulouse sera qualifié. C'est compliqué de dire quand cette saison va s'arrêter pour toi ? Je ne me projette pas, je sais qu'il reste déjà au moins deux matchs. Comptablement, on n'est pas non plus qualifié pour les phases finales donc il faut absolument gagner ce dimanche. Je prends les matchs les uns après les autres et on fera le bilan quand ce sera fini, le plus tard possible j'espère. Pour les adieux en tout cas, ce sera dimanche.
"J'aime partager et transmettre aux jeunes, mais dans l'immédiat, je n'entraînerai pas"
Vous avez joué quinze ans ensemble, quel est votre plus beau souvenir en commun avec Damien ?Je n'ai pas de plus beau souvenir, je crois que c'est simplement le fait d'avoir appris à grandir, à se connaître et à devenir des hommes. Ça fait longtemps qu'on joue ensemble, d'avoir lié une amitié fidèle et qui restera surtout après le rugby. Je crois que c'est ça notre plus beau souvenir. Tu as préparé ton après rugby ? J'ai travaillé un peu à côté du rugby pour garder un certain équilibre. Donc j'ai pas mal d'activités extra sportives et professionnelles. Je vais consacrer un peu plus de temps à développer ma franchise de restaurant bar à vin. Et puis d'autres projets aussi à venir. Une carrière d'entraîneur pourrait t'intéresser ?Pour l'instant, à temps plein, non, maintenant c'est vrai que j'aime partager et transmettre aux plus jeunes ce que j'ai appris. On verra comment ça se fera à l'avenir, mais dans l'immédiat je pense que je n'entraînerai pas de suite.