"Mireille Knoll a été tuée parce qu’elle était juive. Son assassin a profané nos valeurs sacrées". C’est avec ces mots qu’Emmanuel Macron a qualifié le meurtre de Mireille Knoll la semaine dernière à Paris. Alors que la mémoire de cette octogénaire de confession juive est célébrée ce mercredi soir lors de marches blanches organisées dans plusieurs villes de France, Emmanuel Valency, grand rabbin de Bordeaux, était l’invité du 18h Sud Radio pour évoquer le sentiment d’antisémitisme en France, qui est en train de changer selon lui.
"Aujourd’hui, on ne fait même plus attention aux faits antisémites"
"La mutation qu’on voit aujourd’hui est dangereuse, car elle devient banale. C’est la banalisation de l’antisémitisme qui fait que le danger est beaucoup plus grand. Aujourd’hui, on ne fait même plus attention aux faits antisémites. Il y a tout juste un an, Sarah Halimi a été assassinée dans des circonstances à peu près semblables à celles de Mireille Knoll. À l’époque, tout le monde pensait à l’acte d’un fou, et ce n’est que très récemment que l’antisémitisme de cet acte a été retenu par la justice", rappelle-t-il.
Alors que certains voient dans ce nouvel antisémitisme la marque de l’islamisme, Emmanuel Valency tient à mettre les choses au clair. "On voit que la plupart des actes antisémites de ces dernières années ont été commis par des gens qui ont crié certains slogans comme Allah Akbar. Bien évidemment, je sais que la majorité des musulmans ne sont pas d’accord avec ça, mais il faut qu’ils le disent, eux aussi ! Au-delà des juifs attaqués, c’est l’ensemble des musulmans et des Français qui sont attaqués puisque ce sont les valeurs de la République qui sont entachées par l’antisémitisme", rappelle-t-il.
"La meilleure réponse à donner, c’est de ne rien changer !"
"À Bordeaux, j’ai la chance d’avoir de très bonnes relations avec l’ensemble de la communauté musulmane, je sais très bien leur façon de penser et à chaque événement de cette envergure, ce sont souvent les premiers à s’exprimer. Je me souviens encore de l’attaque au Bataclan où nous avions très vite dénoncé dans un communiqué cette haine des autres religions au nom de la religion, car c’est cela qu’il faut dénoncer !", ajoute-t-il.
Selon lui, la communauté juive, même menacée, ne doit pas fondamentalement changer ses habitudes. "D’un point de vue général, la communauté juive en France sent un petit peu une insécurité. On le voit lors des rassemblements, des personnes viennent moins à la synagogue. Malgré tout, la plupart restent quand même actifs, et c’est le message que nous essayons de faire passer. Un terroriste cherche justement à nous changer et à changer notre quotidien. La meilleure réponse à leur donner, c’est de ne rien changer !", affirme-t-il.
Réécoutez en podcast l’interview d’Emmanuel Valency dans le 18h Sud Radio