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Pr Toussaint - "Notre étude montre que le confinement n'a aucun impact sur la mortalité"

Par Augustin Moriaux

Cette étude portant sur 188 pays et publiée ce matin devrait faire grand bruit, puisqu'elle atteste d'une absence de lien entre les mesures restrictives, à l'image du confinement, et une éventuelle baisse de mortalité. La chute des températures - autour de 10° -, la sédentarité, et la stagnation voire la régression depuis un certain nombre d'années de l'espérance de vie dans certains pays développés seraient des facteurs aggravants de mortalité.

Le Pr Toussaint au micro d'André Bercoff, le 19 novembre 2020 dans l'émission "Bercoff dans tous ses états", chaque jour entre midi et quatorze heures.

Selon une étude publiée ce matin sur le site "Frontiers in Public Health" par des médecins et chercheurs de l'Irmes et de l'AP-HP, du CNRS et du CBI Toulouse, les mesures restrictives n'auraient aucun impact sur la mortalité, dans un agrégat de 188 pays qui ont connu au moins 10 décès de Covid-19.

Au-delà du confinement, l'analyse multifactorielle inclut des critères de saisonnalité, de température ambiante, de richesse des pays, de sédentarité mais aussi d'évolution récente de l'espérance de vie.

 

Les pays les plus développés ont les taux de mortalité les plus élevés

"Il y a un lien majeur dans les pays les plus développés entre la stagnation voire la régression de l'espérance de vie - comme la Grande-Bretagne et les Etats-Unis - et la mortalité, mais aussi avec la sédentarité et l'obésité, en lien avec l'arrêt de la mobilité dans les pays développés. Ce sont les pays les plus développés qui ont les taux les plus élevés de mortalité, mais également d'espérance de vie. Plus étonnant encore, plus le soutien économique est fort, plus il est lié directement à la mortalité. On ne comprend pas qu'en mettant beaucoup plus d'argent dans son économie, on puisse augmenter le nombre de morts. Or, c'est le contraire qu'il faut comprendre chronologiquement : d'abord le nombre de décès augmente, puis on prend des décisions comme le confinement qui suspend l'économie. Et c'est seulement ensuite qu'on va soutenir l'économie. Là, on a une inversion totale de la relation entre ce qu'on croit être un soutien mais qui n'est en fait qu'une tentative de diminuer les effets délétères du confinement."

"L'âge médian des décès en France est de 84 ans, soit un âge supérieur à l'espérance de vie de notre pays"

 

Une saisonnalité indissociable des phases épidémiques, notamment au niveau des températures

"Il y aussi le climat, comme la température de l'air ambiant, qui était autour de 10° au moment des phases de démarrage comme ce fut le cas dans le Hubei à Wuhan en décembre, et au printemps en Iran et en Italie. Cette association avec un facteur aussi majeur que la température pour toutes les causes de mortalité démontre l'alternance que l'on voit maintenant apparaître. En effet, la phase épidémique est en train de cesser au Brésil, de réduire de façon considérable au Chili et en Afrique du Sud, il n'y a plus de décès en Nouvelle-Zélande et en Australie."

Le confinement aurait-il été vain sur la question de la mortalité ?

"Les critères politiques (l'intensité du confinement, i.e) ne montrent aucune association avec la mortalité finale. Il n'y a non seulement pas de lien de causalité, mais il n'ya même pas d'association. Par exemple, le Pérou qui est le pays qui a eu l'intensité de confinement la plus importante et qui a en même temps le taux de mortalité le plus élevé d'Amérique du Sud. À l'inverse, la Corée du Sud n'a pas utilisé le confinement et a un des taux de réaction les plus faibles au niveau mondial."

L'immunisation collective pourrait expliquer les regains épidémiques dans les régions qui avaient été plutôt épargnées au printemps

"On a aussi une diminution spontanée en Île-de-France, très probablement liée à l'immunisation collective, après que la vague de printemps a durement impacté la région. Aujourd'hui, la deuxième vague est seulement de 22 à 23 % à hauteur de la première. D'autre part, les régions qui ont été très peu touchées en mars-avril comme Auvergne-Rhône-Alpes ont aujourd'hui des taux 3 fois supérieurs à ceux de mars.

Ce lien entre une saisonnalité et une immunisation collective qui est en train de se faire et qui sera accélérée par la vaccination si elle arrive assez tôt pour être utile, c'est majeur."

"400 000 morts", "réanimations remplies à 100 %", les failles des modélisations pessimistes

"Face au tsunami de mars, des modélisations de l'époque ont annoncé des valeurs extraordinairement élevées. Un article publié dans la revue Nature montre que celles-ci amplifient les incertitudes de 300 %. Cette incertitude-là n'a pas été précisée au mois de mars. Les conseils scientifiques avaient ordre de ne pas expliquer sur quels moyens et quelles méthodes ils se sont fondés, on est partis sur des extrapolations qui durent encore. Les 400 000 morts qu'on nous a annoncés fin octobre se basaient sur ses modélisations erronnées." Une enquête du Figaro démontre qu'en réalité, l'étude sur laquelle se basait le Conseil scientifique et donc, par ricochets, le président de la République, prévoyait "entre" 100 000 et 400 000 morts potentiels.

Les 9000 places en réanimation "quoiqu'on fasse" n'ont pas été confirmées puisque nous sommes à un maximum de 4900 places occupées (selon Santé Publique France). Ce sont les décisions qui sont prises avant la pandémie qui sont les plus importantes." Pas après ou pendant, faut-il comprendre.

 

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