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Philippe Douste-Blazy : Pour éviter la 3e vague, il faut "organiser de manière militaire" le dépistage

Par La Rédaction

Philippe Douste-Blazy, ancien Ministre et auteur de "Maladie française" (éditions L'Archipel), était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 29 octobre 2020 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Philippe Douste-Blazy interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio le 29 octobre 2020 à 7h40.

Emmanuel Macron a annoncé un reconfinement pendant un mois, légèrement allégé par rapport au printemps dernier. Les écoles restent ouvertes et certaines activités pourront continuer. Pour Philippe Douste-Blazy, "avec 18.500 personnes hospitalisées, avec 55 % de lits Covid en réanimation, la décision du gouvernement est celle qu’il fallait prendre. Je ne vois pas quelle était, au fond, l’autre solution".

Toutefois, l’ancien ministre déclare ne pas comprendre "qu’on parle, au fond, que du jour J". "Pourquoi, d’abord, on a dû se confiner la première fois ?", s'interroge-t-il. "Parce qu’on n'a pas su dépister tous les Français dès le début". "Pourquoi on reconfine ? Parce que depuis le déconfinement, on était pas capables d’avoir des tests qui donnent des résultats en 24 heures", déplore Philippe Douste-Blazy. Le délai pour obtenir le résultat entraînait des contaminations d’autres personnes avant l'isolement.

Un confinement plus "soft"

Concernant la forme du confinement, avec plus de libertés pour ce deuxième que pour le premier, l’ancien ministre juge que le gouvernement a choisi d’éviter au possible la crise sociale. "C’est un confinement comme l’Allemagne l’avait fait la première fois", avec les écoles ouvertes, ou encore le BTP qui continuait ses chantiers. "Oui, il faut avoir un confinement soft, sinon l’économie va s’écrouler".

L’efficacité de ce nouveau confinement ne fait pas de doutes : "oui, évidemment, ça va baisser", assure l'ancien ministre de la Santé. Quant à savoir qui est responsable, ce n’est pas le Président de la République "lui-même", mais "tout ce qui est autour : tout ce qui est stratégie sanitaire qui est toujours en retard de 15 jours ou de trois semaines", dénonce-t-il. "Maintenant, il faudrait juste éviter qu’on ait une troisième vague en février ou en mars 2021", prévient l'ancien maire de Toulouse.

La pandémie devrait freiner, notamment car "en mars, il fallait trois jours pour multiplier par deux le nombre d’hospitalisés, aujourd’hui c’est onze jours. C’est beaucoup plus long", note-t-il. Une personne contaminée contamine, aujourd’hui, 1,4 personne. "C’était trois, au mois de mars. Donc c’est le moment où il fallait faire quelque chose, parce que là je crois que ça va être très efficace", estime-t-il.

Un plan militaire ?

La stratégie idéale face à une épidémie de ce type, selon l’ancien ministre, aurait été de mettre en place "le plan militaire" avec des "équipes mobiles de médecins, d’infirmières, de kinés" qui viennent "chez vous", testent et isolent le cas échéant.

Prenant exemple sur l'Allemagne, "au mois de février, on a dépisté tous ceux qui voulaient être dépistés". "Résultat : il y a eu quatre fois moins de morts durant la première vague", souligne le médecin. Aujourd’hui, la raison des bons chiffres de l’Allemagne en termes de contaminations est le fait qu’on "dépiste tous les clusters, qu’on arrête et qu’on casse les chaînes de contamination".

Plusieurs tests sont disponibles mais le gouvernement ne les a pas assez distribués, souligne l’ancien ministre. "C’est ce que j’explique dans ce livre, Maladie française : c’est qu’il y a une sorte d’hyperadministration et d’hypercentralisation qui nous empêche d’aller vite, parce que depuis l’histoire du sang contaminé, tout fonctionnaire a peur de faire une erreur qui peut lui être reprochée pénalement", remarque Philippe Douste-Blazy.

Un risque de troisième vague ?

Le risque d’une troisième vague est réel pour l'ancien membre du Modem qui ajoute qu'elle peut être évitée. "La seule solution pour éviter une troisième vague c’est d’organiser de manière militaire le système de dépistage rapide et d’isoler les malades, les positifs, qui le sont", prévient-il. "On peut reprendre le contrôle de l’épidémie", estime l'ex-ministre, si le gouvernement met en place "une stratégie extrêmement forte de dépistage rapide".

Pour certains, la Covid deviendra une maladie saisonnière qui existera encore longtemps. Philippe Douste-Blazy explique que sur les "198 candidats vaccins", une dizaine "sont en phase 3" du développement, soit le niveau le plus avancé. Mais pour être considéré comme positif, un vaccin doit réduire de 50% le nombre d’infectés. "Personnellement, j’ai de la peine à croire qu’on va trouver un vaccin assez facilement", note-t-il. "Je crois plutôt qu’on va trouver un test qui va différencier la personne qui va faire un cas sévère, de celle qui ne va pas le faire", anticipe l'ancien élu.

Philippe Douste-Blazy, soutien du professeur Raoult

Philippe Douste-Blazy a soutenu le professeur Raoult, ce qui n’a pas manqué de lui attirer certaines critiques. "Lui, il a inventé le 15 janvier exactement ce qu’a inventé le professeur Drosten en Allemagne à l’hôpital de la Charité à Berlin. Il ont dit une chose : il faut dépister tout le monde le plus vite possible", rappelle Philippe Douste-Blazy.

Ce dépistage précoce entraîne la découverte de cas précoces qui peuvent être pris en charge très rapidement "et donc la maladie devient encore plus bénigne", observe le médecin qui note qu'il n'y a "aucune surmortalité à Marseille parce que les gens ont été dépistés massivement et on s’en est occupés tout de suite". "Ce qu’il disait, c’est que si on la prenait très tôt, alors la maladie est totalement différente", précise le médecin.

 

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