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Pascal Crépey : "l'immunité collective a déjà été atteinte plusieurs fois au cours de cette épidémie"

Pascal Crépey, épidémiologiste et biostatisticien à l’École des hautes études en santé publique (EHESP), était l'invité de Christine Bouillot dans le "12-13h de l’été" le 26 août 2021 sur Sud Radio.

Pascal Crépey, invité du "12-13h de l'été".

La troisième dose des vaccins Covid-19 sera administrée dans les EHPAD à partir du 13 septembre 2021. Pourquoi en a-t-on besoin ?

"Les vaccins actuels ont une efficacité de 60% contre les formes symptomatiques"

"Si on a besoin d’une troisième dose aujourd’hui, c’est parce que le variant Delta rend les vaccins moins efficaces, en particulier contre les infections. C’est un peu moins vrai contre les hospitalisations. Des études réalisées aux États-Unis montrent que les vaccins actuels ont une efficacité de 60% contre les formes symptomatiques. On sait aussi que le niveau d’anticorps baisse dans le temps. Les personnes âgées et les personnes avec comorbidités ont été les premières ciblées par la campagne de vaccination. Elles sont celles qui courent le plus grand risque de faire une forme grave et de se retrouver à l’hôpital, d’où cette troisième dose.

Tout ce qu’on a fait avec la vaccination en France métropolitaine, c’est tout ce qui nous évite d’être dans la même situation que dans nos territoires d’outre-mer. Le taux de vaccination aux Antilles et en Polynésie française est en effet beaucoup moindre que dans l’Hexagone. La vaccination a marché, elle nous a rendu un bon service. Ce n’est pas parce que le vaccin n’est pas efficace à 100% qu’il n’est pas efficace. Même une efficacité de 50%, ça divise par 2 le risque d’infection et de forme grave", a expliqué Pascal Crépey.

Pourquoi le variant Delta inquiète-t-il autant ? "Ce variant a une capacité supérieure à s’attacher aux cellules cibles et à se multiplier dans l’organisme. Cela signifie que vous avez besoin d’une moindre quantité de virus dans l’organisme pour infecter une personne. Il y a une sorte de lutte entre le virus qui se reproduit dans l’organisme d’un côté et le système immunitaire de l’autre."

"L’immunité collective est atteignable"

Quid de l’immunité collective ? Peut-on espérer qu’elle soit un jour atteinte ? "L’immunité collective a déjà été atteinte plusieurs fois au cours de cette épidémie. L’immunité collective, dans sa définition, c’est le niveau d’immunité dans la population à partir duquel le taux de reproduction du virus passe en dessous de 1. À chaque fois qu’on est arrivés en haut d’une vague épidémique, le taux de reproduction du virus est passé en dessous de 1. À chaque fois, le niveau d’immunité dans la population était suffisant pour que l’épidémie régresse. L’immunité collective, elle est donc atteignable. Mais il est difficile de l’atteindre sans aucune autre mesure. Ceci dit, plus le taux d’immunité sera élevé dans la population, moins le contexte dans lequel on devra se mettre pour contrôler cette épidémie devra être contraignant", a répondu Pascal Crépey.

 


Et que peut-on dire au sujet de la nécessité de partager des doses de vaccins disponibles avec le pays pauvres ? "C’est effectivement une raison entendable qui fait qu’on peut être contre cette troisième dose. Le vaccin sera toujours plus efficace chez une personne non vaccinée que chez une personne déjà vaccinée. La question qu’on doit se poser, c’est : les troisièmes doses qu’on va donner en France, vont-elles priver les personnes dans les pays du Sud de vaccins ou est-ce qu’au final, les doses qui seront utilisées auraient été utilisées chez des Français qui sont réticents à la vaccination et qui ne se feront pas vacciner quoi qu’il arrive", a répondu Pascal Crépey.


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