Reportage Sud Radio de Lionel Maillet
Quatorze jours que le tas de poubelles ne cesse de grossir devant la vitrine de ce magasin de chaussures prés de l’Opéra: "C'est pourri ! On est envahis de rats, peste le responsable. Les clientes rouspètent mais viennent quand-même, mais il est évident qu'il y a un manque de fréquentation dans la rue !"
Les commerçants font les comptes: "moins 40, voire moins 50%"
Prés du Vieux Port ce sont les vendeurs de souvenirs qui font grise mine:
"Les odeurs qui rentrent dans le magasin... On est obligés de fermer la porte, mais du coup on a l'impression que le magasin est fermé. Cela restreint les clients dans la boutique".
La grève des éboueurs marseillais durait depuis le 23 janvier, et elle va laisser des traces, déplore Marie Bagnoli, la vice présidente de l’union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône: "Inadmissible ! 1% de gens qui paralysent une économie, dans laquelle on ne peut plus trimbaler des enfants. Par rapport à l'année dernière, on a des entreprises qui accusent moins 40, voire moins 50% de chiffre d'affaires !"
Une centre-ville souvent inaccessible à cause des manifestations contre la réforme des retraites, mais aussi des travaux et les ordures qui s’amassent: ça commence à faire beaucoup pour le président de la fédération des commerçants, Guillaume Sicard: "ça va s'arranger, puisque les travaux se terminent et que ça va s'arranger pour les poubelles, mais pour le moment c'est compliqué!"
Et malgré la fin de la grève, il faudra plusieurs jours avant un retour à la normale, le temps de nettoyer 3000 tonnes de déchets.
Des éboueurs forcés d'arrêter la grève par la Métropole et la préfecture
Avec AFP
"Le centre-ville n'est pas agréable à fréquenter. Sur les trottoirs, c'est jonchés d'immondice !... On y est pour rien, pour la réforme des retraites !" - La métropole venait de demander la réquisition des grévistes. Des grévistes qui ne représenteraient que 1 % des éboueurs. Marie Bagnoli, la vice-présidente de l’UPE 13 l’Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône
Le jour de l'annonce de cet arrêt de la grève, le préfet avait signé un arrêté permettant la réquisition des agents grévistes, à la demande de la métropole qui avait invoqué les 3.000 tonnes d'ordures en souffrance dans les rues de la deuxième ville de France. En assemblée générale jeudi, les chauffeurs et chargeurs en grève contre la réforme des retraites ont décidé de suspendre leur mouvement.
Ils évoquent "les multiples entraves au droit de grève" subies: "le harcèlement permanent de la direction sur les agents de la collecte" ou encore "l'envoi systématique des forces de l'ordre à chacun de nos rassemblements". "La direction, non contente de nous refuser toute rencontre, met un terme à notre droit de grève en optant pour la réquisition!", dénonce la CGT.
Mercredi, la métropole Aix-Marseille-Provence, présidée par la candidate LR à la mairie de Marseille Martine Vassal, avait annoncé qu'elle allait lancer cette procédure de réquisition, pour "maintenir un espace public en bon état tout en limitant les nuisances, et compte tenu des risques sanitaires". Seules une quarantaine de personnes, soit 1 à 2% des agents de la propreté étaient en grève, selon la métropole. Des blocages de sites ont été organisés, selon la métropole avec le renfort de militants de la CGT travaillant dans d'autres secteurs. Ils ont pu être levés par la police, mais les ordures s'étaient malgré tout amoncelées.
"Ce sont les Marseillais qui subissent cette situation, alors que ce n'est pas notre compétence", avait déploré mercredi Jean Montagnac, vice-président de la Métropole, estimant que "leurs revendications, c'est les retraites, et les retraites c'est pas nous ! (...) Qu'ils aillent plutôt bloquer Matignon ou l'Elysée !". Jeudi soir, le collectif des grévistes a toutefois assuré que sa détermination "reste entière", comme son "opposition farouche à la réforme des retraites".