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Mounir Mahjoubi - Urgences : "Je crois au numéro unique"

Mounir Mahjoubi, député LREM de Paris et porte-parole d'En Marche, était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 4 juin 2021 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Mounir Mahjoubi, interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio le 4 juin 2021 à 7h40.

Mounir Mahjoubi - panne numéros d'urgence : "Ce qui est arrivé est d’une gravité absolue"

Les numéros d’urgence ont connu une panne historique en fin de journée le 2 juin 2021, ce qui aurait conduit au décès d’au moins trois personnes. La situation est rétablie par Orange, mais reste instable. "Ce qui est arrivé est extrêmement grave", concède Mounir Mahjoubi. La panne "vient briser la confiance qu’on a tous dans des systèmes qui sont censés ne jamais être en panne".

Théoriquement, si un système est en panne en France, quatre autres systèmes sont en mesure de prendre le relais. "Et là, ce qu’on vient d’apprendre quand même, c’est que les quatre autres systèmes qui sont censés prendre le relais sont tombés eux aussi en même temps." Si le député rappelle qu’il y a eu entre 10% et 20% des appels qui n’ont pas abouti, le constat est clair : "ça a tué des gens". "C’est une catastrophe absolue." "Là, il y a deux choses qui ne vont pas : un, le risque est arrivé et deux, les conséquences ont été massives."

L’hypothèse d’une cyberattaque malveillante a été rapidement exclue, le bug ayant été lié à un problème logiciel. Ces déclarations, souligne celui qui a été secrétaire d’État au numérique, s’expliquent car "les systèmes qui opèrent ces numéros au sein de l’infrastructure Orange ne sont pas des systèmes qui sont connectés à des réseaux externes". Il aurait donc été impossible pour un tiers d’attaquer le service, alors que les autres administrations, attaquées récemment partout dans le monde, sont "connectées à des systèmes ouverts".

La situation, inédite, appelle à "plus qu’un audit complet", souligne le porte-parole d’En Marche. "Il y a plusieurs enquêtes qui sont lancées : des enquêtes internes, des enquêtes externes...". "Ce qui est arrivé est d’une gravité absolue."


Le député LREM tient toutefois à rassurer : "les systèmes les plus essentiels sont les plus sécurisés", notamment "les données de santé" qui ne pourraient pas être récupérées "quand bien même un jour un pirate rentrerait dans le système". "Les systèmes militaires sont parmi les mieux protégés au monde", continue-t-il. "Tous nos systèmes qui sont les plus sensibles sont protégés."

 

"Je suis favorable à un numéro unique d'urgence"

La panne d’Orange a relancé le débat sur le numéro d’urgence unique, alors que pour certains ce serait chaotique. "Les deux affirmations ne sont pas réelles", déclare Mounir Mahjoubi. "Avoir un numéro unique, c’est bien pour une raison", à savoir la facilité d’apprentissage, notamment chez les enfants : "tu apprends le 112, tu fais le 112", ce dernier étant le numéro d’urgence unique européen. Or, dire qu’un seul numéro conduirait à des pannes, "ce n’est pas vrai non plus", explique le député, car la panne n’était pas celle du numéro mais de l’infrastructure.

"Le sujet c’est pour la simplification du quotidien et pour le traitement rapide", explique le porte-parole d’En Marche qui, "à titre personnel", croit "à ce numéro unique". "Je crois que c’est mieux d’avoir tous les salariés, tous les agents, dans les mêmes centres, et qui reçoivent tous les appels d’urgence et qui sont capables de les réorienter en quelques secondes."

 

"Il va falloir expliquer pourquoi l'organisation Orange n'a pas été capable d'empêcher cela"

Selon les premiers éléments, trois personnes seraient décédées, dont un bébé, faute de pouvoir être secourues à temps. Se pose désormais la question des responsabilités. Stéphane Richard, PDG d’Orange, "prend les choses très au sérieux", précise Mounir Mahjoubi. "C’est la moindre des choses. Il va falloir qu’il soit très clair sur ce qui a permis que ce type d’erreur puisse arriver", explique le député LREM qui déclare que la responsabilité ne doit pas être cherchée "en bas". Une telle panne, "ça veut dire qu’il n’y a pas forcément tout en place dans l’entreprise pour pouvoir éviter ce genre de problèmes".

"Tout le monde attend des explications très nettes, très responsables de ce qu'il s'est passé chez Orange, sachant que c'est inacceptable. Il ne faudra pas regarder que le problème technique, mais il va falloir expliquer pourquoi l'organisation Orange n'a pas été capable d'empêcher cela".

 

"On n'est jamais impuissant face aux GAFA"

Emmanuel Macron a déclaré, le 3 juin 32021, que la société devient de plus en plus violente. Pour certains, la faute en revient aux réseaux sociaux, mais Mounir Mahjoubi estime que "les réseaux sociaux ressemblent au monde : quand le monde est violent, les réseaux sociaux sont violents", même s’il ne nie pas qu’ils puissent jouer un rôle. "Il y a peut-être un effet d'accélération d'une parole qui se libère, on le voit avec l'affaire Mia. Pour la première fois dans le tribunal, on a mis un visage sur tous les trolls d'Internet qui insultent, qui harcèlent. Ils étaient tout timides devant les juges, il faut que tout le monde les voit ! Il faut des sanctions exemplaires, prévues par la loi".

La régulation et la responsabilisation des réseaux sociaux, Mounir Mahjoubi a tenté de la mettre en place, mais sans succès à ce jour. De quoi confirmer que les États sont impuissants face aux GAFA. "On n’est jamais impuissant", estime de son côté le député qui rappelle la mise en place du Règlement Général de la Protection des Données (RGPD) est aujourd'hui une loi reproduite à travers le monde, qui oblige ces plateformes géantes, sous la contrainte d'amendes qui peuvent s'élever à plusieurs milliards d'euros, de respecter nos données personnelles. On est en train de faire la même chose au niveau européen avec les DSA DMA, qui va enfin donner un outil à la force publique, avec des milliards d'euros de sanctions derrière pour les obliger à s'engager sur l'accompagnement des victimes, le retrait des contenus".

Mounir Mahjoubi tient par ailleurs à préciser que "l'anonymat n'existe pas sur Internet. On retrouve toujours les gens sur Internet ! Quelques uns sont plus malins que d'autres et peuvent se cacher plus longtemps, mais on les retrouve !"

 

Crack : "Il y a déjà un quart de toutes les forces de police de Paris qui sont mobilisées dans le 19e arrondissement"

Mounir Mahjoubi est élu du quartier Stalingrad à Paris, en proie à un important trafic de drogue. "Le problème qu'on vit à Stalingrad est unique dans l'histoire, unique en Europe et peut-être même dans le monde, assure le député. On concentre aujourd'hui à Paris une scène du crack où tous les toxicomanes au crack de France se donnent rendez-vous. C'est 200 à 300 personnes en permanence, on pense que c'est plutôt 1.000 à 2.000 qui viennent d'un peu partout régulièrement. Les scènes qu'on voit dans le jardin d'Eole en ce moment sont insoutenables, et il y a des familles qui habitent autour, des écoles. Maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? Le ministère de l'Intérieur et la préfecture de police nous explique qu'il y a déjà un quart de toutes les forces de police de Paris qui sont mobilisées dans le 19e arrondissement. On a fait venir toutes les patrouilles de CRS disponibles ! Mais les forces de police font-elles ce qu'elles devraient faire ?, s'interroge-t-il. Je préfère qu'elles soient à pied, au pied des immeubles, en présence physique fixe 24h sur 24 plutôt que dans des grosses voitures et des gros cars en dissuasion sur des grandes places".

Par ailleurs, "il faut pour lui une stratégie de long terme : ce qui me rassure, c'est que dans les prochains jours, on va avoir une nouvelle étape du plan crack, un vrai investissement massif des ministères sociaux, de Santé, de l'Intérieur et un véritable engagement de la maire de Paris. Il va falloir que tout le monde s'écoute et qu'on avance. Les habitants n'en peuvent plus !"

 

La France va créer une agence de lutte contre la manipulation de l'information qui sera opérationnelle en septembre. "Pour la République en Marche, premier parti de France, on s'est posé beaucoup de questions sur ce qui peut arriver à la prochaine élection, explique Mounir Mahjoubi. On a fait des scénarios et on a tiré des fils. Il y a des scénarios dans lesquels on peut se dire qu'un pays étranger, s'il met suffisamment d'argent, d'énergie, pourra convaincre quelques millions de Français de choses complètement fausses. Pas juste sur des idées, souvent sur des événements, quelques jours seulement avant une élection pour manipuler l'opinion".

"Le rôle d'une institution comme celle-là, qui devra être indépendante, est de provoquer de la transparence".

 

 

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