Retrouvez l'édito de Lydia Guirous le mardi dans le Grand Matin Sud Radio.
Samedi lors de son meeting à Reims, Marine le Pen a fendu l’armure selon l’expression à la mode dans cette campagne présidentielle. Une stratégie face aux attaques de son concurrent Eric Zemmour.
Marine Le Pen n’a pas le choix, elle doit se démarquer à défaut de fidéliser ses lieutenants et ses élus. Eric Zemmour a lancé depuis quelques mois une OPA hostile sur le camps "national". Une opération qu'il poursuit tel un supplice chinois depuis quelques semaines avec la mise en scène de ses ralliements venus du Rassemblement National. Ralliement après ralliement, Marine voit donc les rangs se clairsemer autour d’elle et avance dans cette campagne en se demandant si ceux qui sont autour d’elle aujourd’hui ne sont pas ceux qui trahiront demain.
Dans ce contexte, Marine Le Pen se dévoile plus au public
Marine Le Pen a le cuir solide, un cuir qui s’est renforcé année après année depuis l’enfance. Elle a rappelé l'attentat qui a visé sa famille à 8 ans. Et oui, pas facile de porter le nom Le Pen, pas facile d’être la fille de celui qui ne voit qu’un détail de l’histoire dans les chambres à gaz des nazis… Mais cela le public le savait déjà… Cette fois-ci elle a décidé d’aller plus loin, elle a évoqué ses enfants, sa vie de femme et de mère abandonnée avec 3 enfants en 3 ans.
On a pu samedi écouter le témoignage non pas de la combattante politique mais de la maman solo, qui a traversé les épreuves de la vie et qui s’est relevée. Voilà pour la part de story-telling, pour la touche d’intimité et d’humanité de la campagne. Elle joue l’affect mais attention la politique n’est jamais loin.
En parlant de sa vie et ses épreuves, Marine Le Pen fait-elle de la politique ?
Marine le Pen est un animal politique, forgée dans la PME familiale, les combats électoraux, les échecs comme celui de ce débat de 2017 que ses adversaires ne cessent de rappeler pour la discréditer et souligner son incompétence et son impréparation. Ce débat c’est son sparadra, son boulet, une humiliation nationale, mais un échec dont elle s’est relevée. Et après tout qui n’a jamais échoué à une épreuve ? L’essentiel n’est-il pas de se redresser et de poursuivre le combat ? Marine le Pen utilise les cartes : femme, mère courage et celle de la résiliente face à un Eric Zemmour qui attaque, parfois avec beaucoup de mépris, et qui apparait encore dans les enquêtes qualitatives comme le candidat qui inquiète le plus. La Force tranquille contre le bruit et la fureur…Voilà le match qu’a voulu installer Marine Le Pen.
Mais au fond, Marine le Pen ne se rêve-t-elle pas comme Chirac en 1995, seul, trahi, moqué par beaucoup…mais que les Français ont élu Président…Mais réussira-t-elle à faire de Zemmour le nouveau Balladur ?