Menaces sur l'emploi incarnées par les suppressions de postes chez le géant de l'acier ArcelorMittal, "crise du travail" mais aussi inquiétudes pour la paix et la stabilité dans le monde: des dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans la rue pour le 1er-Mai, avec quelques tensions notamment à Paris.
La CGT a fait état de "plus de 300.000" manifestants en France au sein de quelque 270 cortèges, dont 100.000 à Paris. L'an dernier, le syndicat avait comptabilisé 210.000 manifestants (50.000 à Paris) et les autorités 121.000.
La manifestation parisienne a été marquée par des incidents autour du stand du PS. Le chef de file des députés socialistes, Boris Vallaud a dénoncé des "violences graves et inacceptables" et a promis de saisir la justice.
Quelques dégradations et charges des forces de l'ordre ont été constatées sur le parcours de la manifestation, et à 15H30, 13 personnes avaient été interpellées, selon la préfecture. Vers 17H00, des policiers et manifestants ont échangé des jets de bouteilles et coups de matraque.
Dunkerque avait donné le coup d'envoi des défilés, sur fond d'inquiétudes concernant la situation d'ArcelorMittal qui prévoit un plan de suppression d'environ 600 postes dont une majorité dans la ville portuaire.
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans la ville à l'appel de la CGT, en présence de plusieurs responsables politiques, dont Olivier Faure (PS), François Ruffin (ex-LFI), Marine Tondelier (Ecologistes) ou Aurélie Trouvé (LFI).
A Metz, des salariés d'ArcelorMittal Florange, où 113 emplois doivent être supprimés, étaient aussi présents.
A Rennes où les organisateurs ont recensé 4.000 participants et la préfecture 3.000, Guillaume Naud, 53 ans, éducateur social et adhérent FO, s’inquiétait aussi du retour de la guerre et de ses conséquences: "Les budgets militaires vont augmenter et le social et le scolaire vont trinquer."

La secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier (c,g), et le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure (c), défilent derrière une banderole à l'occasion de la Journée internationale des travailleurs, le 1er mai 2025 à Dunkerque, dans le Nord
Sameer AL-DOUMY - AFP
"On est dans un contexte d'inquiétude au niveau international et économique", constatait encore Carole Nejjari, professeure d'histoire-géographique dans le cortège marseillais, où la préfecture a comptabilisé 3.600 personnes et la CGT 15.000.
"Je viens là pour protester contre la retraite à 64 ans mais aussi contre la montée de l’extrême-droite partout dans le monde", expliquait à Lyon Maryse Alcaraz, 79 ans.
A Toulouse, ils étaient entre 6.500 (préfecture) et 10.000 (organisateurs), quelque 3.000 à Narbonne où devait se tenir un meeting du RN, 1.800 à Brest, selon la préfecture, 2.200 à Nancy et encore 2.900 à Strasbourg.
Peu avant le départ du cortège parisien, vers 14H00, la N.1 de la CGT, Sophie Binet a annoncé une nouvelle "journée de manifestation et de grèves" le 5 juin pour réclamer l'abrogation de la réforme des retraites.
A ses côtés, Frédéric Souillot (FO) a souligné que son syndicat portait notamment "l'exigence d'une augmentation des salaires" et "l'abrogation de la réforme des retraites".
- "Crise du travail" -
La journée internationale des travailleurs se tenait, comme l'an dernier, sans large unité syndicale. La CGT a appelé avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse à défiler "contre l'extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale".
Les syndicats entendaient aussi en faire un temps fort "contre la trumpisation du monde", Murielle Guilbert, codéléguée de Solidaires, relevant cent jours après l'arrivée au pouvoir du président américain qu'elle ne connaissait "pas un seul salarié aujourd'hui qui ne s'inquiète pas de ce que fait Trump et de la montée du racisme".
Lors d'une prise de parole devant ses militants en marge de la manifestation parisienne, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a promu un 1er-mai "politique" et "antiraciste", se prononçant en outre pour une "nationalisation d'ArcelorMittal".

Manifestation à l'occasion de la Journée internationale des travailleurs, le 1er mai 2025 à Nantes
LOIC VENANCE - AFP
La numéro un de la CFDT et son homologue de l'Unsa Laurent Escure se sont pour leur part retrouvés dans le centre de Paris pour une table ronde sur le travail, Marylise Léon expliquant qu'il s'agissait d'avoir un espace pour évoquer "la crise du travail", "le grand impensé du moment".
Le rendez-vous traditionnel se tient aussi au moment où le gouvernement affiche son soutien à des propositions de loi visant à autoriser certaines professions à faire travailler les salariés le 1er Mai, seul jour férié et chômé en France. Les syndicats y opposent une fin de non-recevoir.
Outre Paris, des tensions ont été signalées à Lyon (6.500 manifestants, selon la préfecture et Nantes (5.000), avec respectivement 3 et 15 interpellations.
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Par Charlotte HILL et Ambre TOSUNOGLU avec les bureaux de l'AFP en France / Paris (AFP) / © 2025 AFP