C’est un chiffre effrayant : Près de 9.000 personnes se donnent la mort chaque année en France. Une surmortalité inquiétante par rapport aux pays voisins.
Une absence de prise de conscience
La France est très en retard en matière de prévention du suicide, estime Jean-Claude Delgènes, directeur général du cabinet Technonologia, co-auteur du livre Le suicide, un cri silencieux avec le psychiatre et professeur de médecine, Michel Debout : "Si l'on compare avec d’autres pays ayant le même mode de vie et les mêmes institutions, on constate une surmortalité d’environ 5.000 décès par an. On voit bien qu’il y a une absence de prise de conscience des politiques depuis une trentaine d’années."
Le suicide est par exemple la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans, après les accidents de la route. Jean-Claude Delgènes réclame avec les associations la mise en place d’ "une véritable cause nationale de santé publique pour prévenir les actes suicidaires. On recense 9.000 à 10.000 décès en France, nous devrions en avoir 5.000, et nous avons 200.000 passages aux urgences pour des tentatives de suicide. Il reste beaucoup à faire."
Le travail protège du risque suicidaire
Quelles mesures prendre ? "Il faut agir à tous les niveaux, par exemple celui des personnes âgées souvent reléguées dans l’isolement, qui reçoivent très peu de visites. Le suicide, c’est le drame de la solitude, la rupture du lien. Il est indispensable, y compris dans le milieu professionnel, de renforcer les liens sociaux. Le soutien thérapeutique, celui des proches, est essentiel. Si quelqu’un a commencé à élaborer un projet suicidaire, il suffit parfois de lui parler car, jusqu’au dernier moment, la personne peut renoncer à son acte."
Au bureau, pour autant, le suicide n'est pas une question de solitude. "Le travail est un facteur de protection pour les individus qui en ont un, souligne le directeur général du cabinet Technonologia. Ceux qui sont au chômage sont beaucoup plus exposés au risque suicidaire, il faut le dire. Mais au travail, certaines situations peuvent ausi conduire au passage à l’acte : harcèlement, épuisement… Aux États Unis, sur une étude menée auprès de 94.000 infirmières, on a constaté que le stress chronique pouvait aussi conduire au suicide."
Cliquez ici pour écouter “le coup de fil du matin”
Retrouvez "le coup de fil du matin" du lundi au vendredi à 7h12 sur Sud Radio, dans la matinale de Cécile de Ménibus et Patrick Roger.
Sur quelle fréquence écouter Sud Radio ? Cliquez-ici !