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Le regard libre d'Élisabeth Lévy - "La justice ne doit pas se faire sur les réseaux sociaux"

Après #MeTooIncest, #MeTooGay a été lancé sur Twitter. Mais, attention, la justice ne doit pas se faire sur les réseaux sociaux.

Après #MeTooIncest, #MeTooGay a été lancé sur Twitter. Mais, attention, la justice ne doit pas se faire sur les réseaux sociaux.

Ce hashtag a été lancé jeudi par un jeune militant communiste, Guillaume. Il accuse deux élus communistes parisiens de l’avoir violé. Seulement, lui est anonyme mais ses violeurs présumés son désignés nommément. Ils nient. Le PCF leur a demandé de se mettre en congé du Parti et du Conseil de Paris. Bref, ils sont condamnés sans procès à la mort sociale. Ce n’est pas ça la Justice. La justice carbure à la raison, les médias à l’émotion. 

Si la Justice faisait son boulot, les victimes ne témoigneraient pas sur Twitter

La justice n’est pas parfaite mais incarcère des milliers d’agresseurs et de violeurs. L'idée qu’avant #MeToo on ne faisait rien est fausse. Guillaume peut saisir la Justice. Il va peut-être même le faire. 

La Justice obéit à deux règles cardinales: la présomption d’innocence et les débats contradictoires. Quand la parole des victimes est sacralisée plus de contradictoire, Macron dit aux victimes d’inceste: "on vous croit" : une victime, c’est quelqu’un qui se dit victime. Edouard Durand, magistrat et président de la commission inceste explique que "bien sûr qu’il faut respecter le principe des preuves pénales, mais on sait que les fausses dénonciations sont marginales et résiduelles". Les victimes de dénonciations calomnieuses résiduelles apprécieront. 

Donc, les victimes devraient se taire ? 

On n’a pas le choix entre se taire et Twitter. On ne libère pas forcément sa parole dans les médias. Certaines victimes préfèrent la libérer sur le divan d’un analyste, auprès de proches ou devant un tribunal. 

Certes, beaucoup, grâce à #MeToo, ne sont plus seules: cela permet de vaincre la honte. Sur #MeTooGay, il y a le témoignage du producteur de France Culture Nicolas Martin, violé de 11 ans à 17 ans. Il ne désigne personne. 

De plus, ce mouvement a permis une prise de conscience. 

Sans doute mais le risque est qu’après avoir sous-estimé le phénomène, on le surestime, qu’on nous fasse le coup du systémique. Le mal est partout. On nous dit que 10 % des enfants sont victimes d’incestes. Nicolas Martin appelle d’autres #MeToo, des trans, des putes, des handicapés, et même des migrants. La vie publique peut-elle être un défilé de victimes déversant leurs malheurs sur les réseaux sociaux ? 

La Une du Monde hier: "Violences sexuelles : la grande libération de la parole". On célèbre de toutes parts cette révolution culturelle. Ce terme de sinistre mémoire devrait peut-être nous mettre la puce à l’oreille.

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