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"Le concept d'"hommage populaire" vient d’être inventé pour Johnny Hallyday"

Par Benjamin Jeanjean

Alors que Jean d’Ormesson et Johnny Hallyday feront tous deux l’objet d’un hommage public, l’historien de la politique Jean Garrigues était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce vendredi pour décrypter les deux types d’hommages qui seront rendus.

Johnny Hallyday, à Bercy en 2006 (©Fred Dufour - AFP)

Alors que deux figures importantes de la culture française, Jean d’Ormesson et Johnny Hallyday, nous ont quitté à quelques heures d’intervalle cette semaine, la France s’apprête à rendre hommage à la mémoire des deux défunts ce week-end. Historien spécialiste de la politique, Jean Garrigues était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce vendredi pour décrypter les deux types d’hommages qui seront délivrés.

"D’Ormesson, une personnalité marquante de la société et de la culture française"

Alors que l’hommage national qui sera rendu aux Invalides à Jean d’Ormesson est généralement réservé aux militaires et aux hommes politiques, Jean Garrigues estime que la décision se justifie pour l’écrivain, membre de l’Académie française. "Quelques artistes ou écrivains comme André Malraux ou Stéphane Hessel ont bénéficié d’un hommage national, tout comme le commandant Cousteau, donc on peut élargir le cercle des bénéficiaires. Au fond, on sent bien qu’au sens très large du terme, Jean d’Ormesson était aussi quelqu’un qui a été l’acteur et le témoin de plusieurs décennies de notre vie politique. Il a même été directeur du Figaro, engagé d’une certaine manière dans cette vie politique, il a été proche de François Mitterrand, etc. Au-delà de son rôle d’écrivain adulé par ses lecteurs, c’était une personnalité marquante de la société française et de la culture française. En cela, il n’est pas anormal qu’on puisse lui attribuer cet hommage national", assure-t-il.

En ce qui concerne Johnny Hallyday, point d’hommage national officiel mais un hommage "populaire", avec notamment une descente sur les Champs-Élysées. "L’expression d’hommage populaire vient d’être inventée pour Johnny ! On est en présence d’un personnage tout à fait exceptionnel, un chanteur précisément populaire, dont le lien quasi-direct avec ses fans et le peuple est tel qu’on est obligé de trouver quelque chose d’exceptionnel. Cela aurait été très décalé de lui accorder un hommage national. Au fond, il n’a pas servi de services éclairés à la nation. D’un autre côté, il a signifié pour tous les Français quelque chose de très fort depuis plusieurs décennies. Je crois que le choix de l’expression «populaire» respecte ce qu’était profondément Johnny, qui disait être né dans la rue. C’est finalement très en adéquation avec le personnage", analyse Jean Garrigues.

"Pas sûr que le public de Johnny corresponde à l’électorat des Républicains"

Si Johnny Hallyday ne cachait pas sa préférence politique pour la droite en général, Jean Garrigues estime qu’on ne peut toutefois pas forcément le placer dans une case du spectre politique français. "Il a soutenu les campagnes de Valéry Giscard d’Estaing en 1974 et 1981, celle de Jacques Chirac en 1988, celle de Nicolas Sarkozy en 2007. En même temps, ce n’était pas quelqu’un qui était éloigné du peuple de gauche ! Le public de Johnny est un public populaire. Si on faisait une analyse socio-électorale du public de Johnny, je ne suis pas sûr qu’elle correspondrait à celui des Républicains, voire du PS. C’est ailleurs qu’il faudrait chercher. C’est quelqu’un qui est fédérateur, en réalité, et qui incarnait quelque chose de la France, tout bêtement", déclare-t-il.

Réécoutez en podcast l’interview de Jean Garrigues dans le Grand Matin Sud Radio

 

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