Emmanuel Macron est-il est réélu dans une France de plus en plus divisée ?
C’est le mantra répété sur tous les tons : "jamais la France n’a été aussi divisée". D’abord c’est faux. Toutes les sociétés sont divisées et l’ont toujours été. Il y a des classes sociales, des urbains et des ruraux, des clivages idéologiques, intellectuels. Plus des fractures ethniques, communautaires, religieuses. Les gens ne vivent pas dans le même monde. C’était déjà vrai dans la France des années 50. L’hyper-médiatisation rend ces fractures plus visibles et plus sensibles. Donc la grande ambition de la politique c'est de réconcilier les Français. La France Unie était le slogan de Mitterrand en 1988. C’est aussi la promesse de Macron. Papa en a assez qu’on se chamaille. Soyez bienveillants, même avec les égarés d’extrême droite, les pauvres, ils ne savent pas ce qu’ils font. Pardon, que le président préside et mais qu'il me laisse m’occuper de mon bonheur !
Vous ne pouvez pas nier que la société est plus conflictuelle
Mais le conflit c’est la vie ! La controverse c'est l’état naturel des communautés humaines, notamment en démocratie. Le rôle de la politique est de civiliser, symboliser, de prendre en charge les désaccords. La démocratie ce n’est pas le régime de la concorde, c’est l’organisation des mécontentements. La mise en forme des colères. Or, cette fonction est largement en panne. Elle peut s'expliquer per le facteur institutionnel. Tant que le Président a une majorité automatique, il peut appliquer un programme choisi par 25 % des Français. Aucune nécessité de passer des compromis. Peut être que cela va changer : Macron a déjà intégré à son programme des revendications de ses électeurs du deuxième tour. Et peut-être que les électeurs lui imposeront une cohabitation.Il y a aussi des facteurs idéologiques. Il faut considérer que l’autre est légitime. Or, il y a une forme aujourd'hui de maccarthysme moral. L'électeur lepéniste est au mieux un enfant qu’il faut rééduquer, au pire un salaud, un facho qu’il faut bannir ou punir.
Il faut aussi un langage commun. Un cadre symbolique partagé où nous sommes d’accord pour être en désaccord. Cela nous fait cruellement défaut. Avant de s’empailler sur la façon de diriger la France, il faudrait vaguement s’entendre sur ce que signifie le mot France.