Face à Marine Le Pen va-t-on assister au retour du Front républicain ?
On a déjà commencé à entendre la même musique. Les appels rituels à faire barrage à l’extrême droite. Mélenchon: "Pas une voix à Marine Le Pen !" Il l’a répété trois fois comme si c'était une formule magique. Il sait qu’une partie de son électorat n’a absolument pas l’intention de jouer les castors, faire barrage.
Valérie Pécresse a été madame 20h20 et pas 20h02 comme l'avait dit Éric Zemmour : "Je voterai en conscience Emmanuel Macron. Elle demande à ses électeurs de faire de même mais ce n'est pas vraiment une consigne qu’une partie ne la suivrait pas.
Olivier Faure aussi : "le 24 avril, nous ferons barrage à l’extrême droite. Un vote présidentiel pour défendre la République puis un vote législatif pour faire barrage au projet d’Emmanuel Macron"
Yannick Jadot lui que l'extrême-droite est "une menace fondamentale pour la paix civile et les valeurs de notre république". Et pour que la fête antifasciste soit complète à Rennes, quelques centaines de jeunes manifestants ont scandé : "la jeunesse emmerde le fascisme national, Le Pen dynastie fasciste"
La même affiche, presque les mêmes consignes, est-ce le même film ?
Eh bien non parce que ce n'est plus le front Républicain parce qu’au-delà des proclamations, personne n’y croit plus. Il n'y a pas de quinzaine antifasciste en vue, je crois. Marine Le Pen n’est plus le diable. Malgré Zemmour, elle fait deux points de plus qu’en 2017. Elle est plus sympathique, plus présidentielle. Même le patron de Libération reconnaît qu’elle a réussi son pari de la dédiabolisation, même s’il estime que "cette dédiabolisation est aussi rassurante qu’une reconversion d’Hannibal Lecter dans la restauration". À part cela, on voit bien que des gens « respectables » comme Éric Ciotti peuvent ne pas appeler au barrage.
Puis, des politiques multiculti, européistes ne sont pas très crédibles pour défendre la République. On nous dit déjà que le second tour sera un choc des rejets. Tout sauf Le Pen VS tout sauf Macron. Mais pour les deux, il y a aussi un vote d’adhésion. Pour comprendre, il faut croiser deux grilles de lecture. Une grille sociale et culturelle, la France d’en haut contre la France d’en bas mais aussi la France des enracinés et déracinés.
Personne n’ose plus nous dire que l’immigration est une chance pour la France. Personne n’osera plus parler de sentiment d’insécurité. Bref, on ne nous sommera plus de choisir entre le bien et le mal. Fin du chantage moral. Plutôt une bonne nouvelle.