Le débat d’entre-deux-tours a lieu ce mercredi soir (21h). Comme en 2017, il oppose Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Première question: combien serons-nous ce soir ? La désaffection pour la politique, la tarte à la crème du commentaire politique se verra-t-elle à l’audience ? Comme le vote, regarder le débat est une expression de l’appartenance collective. L’idée que, par-delà nos divergences et différences, nous nous intéressons suffisamment à notre destin collectif pour passer devant notre télé ou notre radio deux heures qui possiblement ennuyeuses.
Bien sûr, on attend un spectacle, un affrontement. Des formules choc même si le plaisir qu’elles suscitent est un peu amoindri par le fait qu’elles auront été ciselées par les communicants.
Mais en même temps, on espère une dispute civilisée. Une preuve qu’il y a au minimum un accord sur le désaccord. Si on excepte le duel Mélenchon/Zemmour et le consternant Pécresse/Zemmour, ce sera la première confrontation entre candidats. De ce point de vue, la balle est dans le camp de Macron. Espérons qu’il nous épargnera les arguments consternants que ses soutiens ont martelés depuis dix jours sur le fascisme qui nous menace. Et qu’il n’affichera pas le mépris du surdiplômé pour les moins titrés qui caractérise souvent son camp.
Quel est l’enjeu de ce rituel ?
Difficile à savoir s'il y a un enjeu. Les spécialistes affirment péremptoirement qu’on n’a jamais vu un débat changer un vote. Pourtant, selon des sondages, 15 % des électeurs disent que leur opinion n’est pas faite.
En matière de Justice, on dit que l'oralité et et la publicité des débats sont les conditions de la manifestation de la vérité. Alors peut être que l'utilité de ce débat est de faire émerger une vérité. Pas seulement celle des personnalités encore moins celle des programmes, catalogues de promesses qui n’engagent que ceux qui y croient. Contrairement à la plupart des journalistes je ne n’attends pas qu’ils me parlent de la vie concrète. Ce que j'attends c'est la vérité de deux visions de la France car, dans le fond, la grande différence entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen est culturelle. Ce qui m’intéresse, c’est leur colonne vertébrale idéologique, leur rapport à la France, au passé, aux frontières, à l’identité.
La question essentielle : j'ai très envie de voir la volonté de chacun de s’adresser aux électeurs de l’autre, de parler à tous les Français. Bref, ce qu’on voudrait avant tout, c’est voir deux personnes qui ont en commun leur souci du bien commun.