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Didier Lemaire : "C’était la joie pour eux, que l’impérialisme américain soit défait et soit humilié"

Didier Lemaire, professeur de philosophie, enseignant à Trappes menacé de mort et auteur de “Lettre d’un hussard de la République” aux éditions Robert Laffont, était l’invité d’André Bercoff le 29 septembre 2021 sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

Didier Lemaire invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Didier Lemaire : "le premier symptôme c’est le 11 septembre"

Pour le professeur de philosophie à Trappes, Didier Lemaire, il n’est pas trop tard pour agir. "S’il était trop tard, je ne serais pas là", déclare-t-il au micro d’André Bercoff. "J'ai toujours confiance dans l’action et c’est la raison de ce livre, je pense qu’une prise de conscience est encore possible dans l’opinion, qu’une action est encore possible", explique l’auteur de Lettre d’un hussard de la République. "J’ai enseigné depuis 2000 à Trappes", explique Didier Lemaire. Pour lui, "le premier symptôme c’est le 11 septembre". "Là, je constate quelques rares élèves qui approuvent. C’était la joie pour eux, que l’impérialisme américain comme ils disaient, soit défait et soit humilié", raconte Didier Lemaire. "Mais c’est un phénomène très marginal à l’époque, c'est-à-dire que ça concerne une poignée d’élèves", explique le professeur de philosophie.

 

"Ensuite je dirais que le tournant important, dans la vie du lycée en tous cas, c’est 2005", raconte Didier Lemaire. Lettre d’un hussard de la République commence par "les émeutes qui se soldent par la mort d’un de nos collègues", explique Didier Lemaire. "2005 c’est le ‘pas de vagues’, il ne faut pas oublier non plus que le rapport Obin c’est 2004, les territoires perdus de la République c’est 2002, donc les lanceurs d’alertes sont déjà bien présents", juge-t-il. Il y avait déjà à l’époque "des lanceurs d’alerte, des historiens et même des cadres de l’éducation nationale" qui étaient au courant de ce qu'il se passait.

 

"Les enseignants ne savent plus (...) s'ils ont encore une véritable mission républicaine"

"D’un point de vue très général, il y a à l’école une véritable crise de la transmission. Une crise de la transmission de notre culture, de nos valeurs humanistes", juge Didier Lemaire. "Les enseignants ne savent parfois plus pourquoi ils enseignent, s’ils enseignent tout simplement pour la réussite sociale de leurs élèves ou s' ils ont encore une véritable mission républicaine", explique le professeur de philosophie au micro de Sud Radio. "C’est cela, je dirais, le contexte général".

 

Pour Didier Lemaire "il y a eu une série de réformes, notamment le pédagogisme qui a aussi envahi le champ du métier". "La place de l’élève a été mise au centre et non plus la place de l’enseignant, la place des parents", explique-t-il. "Tout ça c’est une lente dégradation, à la fois du statut, des revenus aussi et de la mission de l’enseignant", ajoute l’enseignant.

 

"Certains de mes élèves (...) témoignent de leur engagement pour le salafisme"

"Dans notre lycée à Trappes, il y a un effritement de la mixité sociale, c’est-à-dire que la disparition de la carte scolaire va entraîner le fait que l’on va avoir une population de plus en plus homogène", explique Didier Lemaire. Pour lui, il s’agit d’une population "pauvre et de secondes générations d’origine immigrés". Cela entraîne la perte d’une "mixité sociale qui était importante", explique l’auteur de Lettre d’un hussard de la République. "D’ailleurs les différentes politiques des chefs d’établissements ont été de tenter de contrer cette perte de mixité par la mise en place d’options artistiques pour attirer des élèves d’autres lycées", ajoute-t-il.

 

"Cette homogénéité entraîne des comportements stéréotypés dans la manière de se comporter, de parler, ça entraîne aussi une baisse de niveau de classe et c’est aussi problématique", juge Didier Lemaire. A partir de 2015-2016 "j’observe que certains de mes élèves sont gagnés, ils le disent eux-mêmes, par exemple lors d’une intervention de la télévision hollandaise dans la classe, ils témoignent de leur engagement pour le salafisme", raconte le professeur de philosophie. "J’ai pris un certain temps avant de comprendre ce qui se passait, je me suis rendu compte que je ne voyais pas dans ma salle de classe ce qu’il se passait dans la ville", explique-t-il. "C’est d’ailleurs à ce moment-là que j’ai cherché à toucher du doigt le réel. C’était mon moment socratique : je prenais conscience de mon ignorance", explique l’auteur de Lettre d’un hussard de la République.

 

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

 

Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi. 

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