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Deux chefs de l'office anti-stupéfiants de Marseille en garde à vue

Nouveau scandale potentiel au sommet de la lutte anti-drogues en France: deux commissaires responsables de l'Office anti-stupéfiants (Ofast) de Marseille ont été placés lundi en garde à vue dans une enquête sur une livraison surveillée de cocaïne début 2023 suspectée d'avoir connu de graves dérives.

NICOLAS TUCAT - AFP/Archives

Nouveau scandale potentiel au sommet de la lutte anti-drogues en France: deux commissaires responsables de l'Office anti-stupéfiants (Ofast) de Marseille ont été placés lundi en garde à vue dans une enquête sur une livraison surveillée de cocaïne début 2023 suspectée d'avoir connu de graves dérives.

Ces deux commissaires, chefs de l'Ofast à Marseille, sont gardés à vue depuis lundi matin dans les locaux de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), "la police des polices", dans le cadre d'une information judiciaire aux mains de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), a-t-on appris de source proche du dossier, confirmant une information du Parisien.

Sollicité par l'AFP, l'avocat de l'un d'entre eux n'a pas souhaité commenter.

Les investigations initiales, parties d'un renseignement anonyme en février 2023, portaient sur une arrivée de cocaïne au port de Marseille en container depuis la Colombie et à destination de la région parisienne.

La juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille, initialement saisie, avait confié les investigations dans ce dossier surnommé "Trident" à l'Ofast.

"Dans le cadre de cette enquête, il avait été convenu de surveiller l'arrivée d'une cargaison de 180 à 200 kg de cocaïne mais il s'est avéré que cette livraison a permis l'entrée sur le territoire de près de 400 kg de cocaïne", selon le parquet de Paris.

D'après la même source, "face à la différence entre les informations reçues et constatées, l'Ofast Nanterre s'était désengagée des opérations" et "plusieurs acteurs du dossier s'étaient par ailleurs étonnés de la difficulté avec laquelle ces stupéfiants auraient été écoulés à Marseille, laissant entendre que la surveillance policière était éventée".

L'enquête initiale avait été clôturée en janvier 2024, sans interpellation.

Mais en janvier 2024 également, l'IGPN "avait été saisie en interne de soupçons pesant sur les conditions de cette importation".

Des perquisitions ont été réalisées en avril 2024 dans les locaux de l'antenne de l'Ofast de Marseille.

- "Dissimulation" -

En septembre, la Junalco a repris l'enquête, sur dessaisissement du parquet de Marseille, puis a confié les investigations à des juges d'instruction le 27 novembre, portant notamment sur les infractions d'importation de stupéfiants en bande organisée, blanchiment, corruption ou encore association de malfaiteurs.

L'enquête a notamment mis à jour selon le ministère public de possibles "échanges entre des policiers et d'autres personnes, portant sur la cession d'au moins 360 kg de cocaïne, en dehors de tout contrôle hiérarchique, et sur la dissimulation des quantités réelles arrivées sur le territoire" lors de cette livraison surveillée.

Sollicité lundi, le parquet de Paris et de la Junalco n'a pas commenté dans l'immédiat.

En février, deux personnes, des indics selon Le Parisien, ont d'abord été mises en examen puis incarcérées.

Deux policiers de l'Ofast de Marseille ont ensuite été mis en examen début avril, dont au moins un des deux avait été placé en détention provisoire.

Un troisième, un capitaine de l'Ofast âgé de 45 ans, a été mis en examen à son tour mi-juin.

Ce n'est pas la première fois que des hauts gradés de la police sont mis en cause pour de potentielles dérives liées à la gestion des indics, souvent en lien avec des dossiers de stupéfiants.

François Thierry, ancien patron de l'Ocrtis, ancêtre de l'Ofast, a été acquitté en septembre à Lyon après avoir été mis en cause pour avoir organisé le placement en garde à vue en 2012 de son informateur, un gros trafiquant de drogue, Sophiane Hambli, dans le seul but de l'extraire de prison pour qu'il gère une livraison surveillée.

La cour criminelle du Rhône a estimé que la mesure était "irrégulière" mais qu'elle avait été menée "en accord" avec le ministère public, et que François Thierry n'avait pas "d'intention frauduleuse".

M. Thierry doit encore être jugé à Bordeaux pour "complicité de trafic de drogues", dans un dossier connexe, toujours en lien avec Sophiane Hambli.

Michel Neyret, ex-numéro 2 de la PJ lyonnaise, a lui été condamné en appel en 2018 à Paris à deux ans et demi de prison ferme pour corruption, reconnu coupable d'avoir renseigné des "indics" du milieu lyonnais, en échange d'avantages.

Par Guillaume DAUDIN, Sylvie MALIGORNE / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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