Arrivés en tête du premier tour du congrès du Parti socialiste, Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol, qui se tiennent dans un mouchoir de poche, se lancent à la conquête des voix du troisième homme, Boris Vallaud, devenu faiseur de roi.
Selon des résultats définitifs validés mercredi soir par une commission de récolement, le premier secrétaire sortant Olivier Faure est arrivé en tête du premier tour avec 42,21% des voix, devant le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol (40,38%).
Au total, 24.701 adhérents ont participé au vote, sur un corps électoral de 39.815 personnes.
Les deux hommes s'affronteront donc pour le second tour, prévu le 5 juin, et le patron des députés PS, Boris Vallaud, arrivé troisième, avec 17,41% des voix, devient l'arbitre de ce duel, seuls ses voix permettant aux deux adversaires d'être majoritaires au sein des instances du parti.
Le député des Landes, qui s'est placé en candidat de "la réconciliation" du parti, fracturé depuis le précédent congrès fratricide de Marseille en 2023, n'a pas encore dévoilé ses intentions, mais il devait réunir ses troupes mercredi soir par visioconférence, et ne s'exprimera pas mercredi, a précisé son entourage.
"Il a la responsabilité d'un collectif qu'il a l'intention de garder" et veut prendre son temps, précise-t-on de même source.
Mais même si les voix risquent de "s'éparpiller" au second tour entre les deux candidats restants, admet un autre proche, "il n'y a plus de majorité sans nous. On va pouvoir poser des exigences de fond".
Mercredi matin, Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol ont chacun revendiqué leur proximité avec le député des Landes, qui soutenait Olivier Faure au précédent congrès.
"Je vais chercher à rassembler l'ensemble des socialistes au-delà de leurs sensibilités, et au premier rang desquels, Boris. Parce que depuis sept ans, nous avons tout entrepris ensemble et que nous partageons une même conception", a fait valoir Olivier Faure auprès de l'AFP, exhortant Boris Vallaud à le "rejoindre" pour "former une nouvelle direction".

Le maire socialiste de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, à Paris le 25 avril 2025
Bertrand GUAY - AFP/Archives
Peu auparavant, Nicolas Mayer-Rossignol avait lancé un appel similaire sur RTL, espérant que le député des Landes intègre son "collectif de direction".
Le maire de Rouen et deux membres de son équipe, la maire de Vaulx-en-Velin (Rhône) Hélène Geoffroy et le député de l'Eure Philippe Brun, ont affirmé, lors d'une conférence de presse, que les militants avaient demandé "un changement d'orientation" du parti et que "la ligne d'opposition était désormais majoritaire".
Ils ont également réclamé un débat avec Olivier Faure. "Je répondrai en temps voulu" à cette demande, a évacué ce dernier mercredi.
- "Fonctionnement à modifier" -
Nicolas Mayer-Rossignol défend "l'affirmation socialiste", et la création d'un grand parti socialiste agrégeant "ceux qui sont au PS et ceux qui sont à l'extérieur", comme Raphaël Glucksmann, Benoît Hamon ou Bernard Cazeneuve. De cette confédération émergerait un candidat pour 2027, qui irait ensuite discuter avec d'autres partenaires de gauche, comme les Ecologistes ou le PCF.
Olivier Faure veut l'union de la gauche non mélenchoniste pour la présidentielle, avec la mise en place d'une plateforme programmatique allant du leader de Place publique Raphaël Glucksmann à l'ex-député LFI François Ruffin, en vue d'une candidature commune.

Boris Vallaud le 20 mai 2025, à Paris
Thomas SAMSON - AFP/Archives
Boris Vallaud prône une synthèse, "l'affirmation des socialistes" et "un processus ouvert vis-à-vis de la gauche +de Glucksmann à Ruffin+".
Johanna Rolland, la maire de Nantes et proche d'Olivier Faure, a souligné lors d'une autre conférence de presse que le premier secrétaire était arrivé "clairement en tête" et que sa ligne stratégique "de l'union de la gauche et des écologistes, d'une plateforme de Ruffin à Glucksmann (...) pèse quasiment 60%" à l'issue du 1er tour.
Autre soutien d'Olivier Faure, la députée Dieynaba Diop a (Yvelines) assuré pouvoir compter sur Boris Vallaud "pour abonder dans le sens d'une union de la gauche".
Mais en face, Philippe Brun a aussi souligné, que comme Nicolas Mayer-Rossignol, Boris Vallaud avait critiqué le manque de travail de la direction sortante, et qu'il souhaitait une école de formation interne, à l'image de celle qu'il a lui-même créée.
Pierre Jouvet, le bras droit d'Olivier Faure, a assuré que les propositions "nouvelles et rafraichissantes" de Boris Vallaud avaient vocation à être intégrées par la direction sortante, qui a fait le constat "de fonctionnement à modifier".
Par Cécile AZZARO / Paris (AFP) / © 2025 AFP