Comme à son habitude, Philippe David remet le clocher au milieu du village, un village qui cette fois se trouve sur X, l’ex-Twitter. Pourquoi X ? Parce que depuis hier soir et le vote de la loi sur la fin de vie, Philippe David y a vu passer des messages qui dépassent les bornes, même pour ce réseau social souvent prompt à l’excès.
Des députés livrés à la vindicte populaire
Premier point de crispation : la publication de listes de députés ayant voté pour le texte, assorties d’appels explicites à les faire battre lors des prochaines élections.
Un procédé inacceptable, selon Philippe David, qui rappelle que les députés ne sont pas des godillots, mais des élus votant en leur âme et conscience, surtout sur un sujet aussi intime. L’ensemble des groupes parlementaires avait d’ailleurs laissé la liberté de vote sur ce texte.
« Qui sont ces gens pour lancer des fatwas sur des élus du peuple ? Que savent-ils de leur vécu, puisque cette loi repose aussi sur l’histoire personnelle de chacun ? »
Une question personnelle, un souvenir marquant
Philippe David tient à le redire : on peut bien évidemment être pour ou contre l’euthanasie et le suicide assisté. Mais la question fondamentale reste celle posée par Charles Biétry, atteint de la maladie de Charcot : « Qui a le droit de décider de ma fin de vie ? »
Lui-même se souvient d’un épisode familial douloureux : un proche euthanasié par un médecin compatissant, il y a plus de quarante ans. « Je ne le remercierai jamais assez d’avoir abrégé ses souffrances. À la dose maximale de morphine, elle se tenait aux barreaux du lit en hurlant de douleur, frappée par un cancer généralisé. »
Et Philippe David d’ajouter : « Si un jour je me retrouvais en syndrome d’enfermement, comme Jean-Dominique Bauby dans Le Scaphandre et le Papillon, je voudrais qu’on arrête mes souffrances moi aussi. »
Quand les comparaisons deviennent obscènes
Si les débats dans l’hémicycle ont été dignes, tout le monde n’a pas fait preuve de la même retenue.
Le tweet de Philippe de Villiers, qui compare le vote à l’euthanasie nazie du IIIe Reich, est, selon Philippe David, fondamentalement outrancier.
« Cette loi ne prévoit aucune Aktion T4, nom de code de l’extermination des handicapés mentaux par les nazis. Faire ce parallèle est non seulement inexact, mais indécent. »
Ce qu’il aurait fallu préserver : respect et dignité
« Pas de dénonciations. Pas d’outrances. Du respect et de la dignité. C’est tout ce qui aurait dû rester de ce débat. » Et Philippe David de conclure en citant Voltaire dans Mérope : « Quand on a tout perdu, quand on n’a plus d’espoir, La vie est un opprobre et la mort un devoir. »