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Colère des soignants: "Terminé ! On a donné, mais là on dit stop"

Des soignants au bord de la crise de nerf. Une colère qui se mêle à l’épuisement face au manque de moyens. Pas assez de personnel ni de matériel: un message qui sera surement délivré à Olivier Véran, attendu ce matin à l'hôpital de Trévenans près de Belfort. Et ce que disent la plupart des infirmières et des médecins, c’est que le Ségur de la santé est loin d’avoir réglé tous les problèmes, notamment à Marseille où la pression est forte avec le Covid.

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L'hôpital Delafontaine de Saint-Denis. (Joel Saget/ AFP)
Reportage Sud Radio de Lionel Maillet

 

 

Toujours pas le moindre centime d’augmentation sur sa fiche de paie: les 183 euros promis finiront par arriver, mais sur le fond, çaa ne changera pas grand chose, explique Fabienne Eymard, est cadre de santé à l’Assistance Publique Hôpitaux de Marseille:

"Le côté financier de la chose ne suffira pas, ça donnera une satisfaction de courte durée. Sur du long terme, c'est pas ça qui motive les gens. Les problèmes de personnel et de matériel seront toujours là, et le Ségur n'y a rien changé." - Fabienne Eymard, cadre AP-HM

 

Opérations annulées, manque de lits

En ce moment le plus compliqué est de gérer à la fois les patients Covid et tous ceux qui ont du être déprogrammés lors de la première vague. 200 CDD ont été recrutés en renfort à l’AP-HM. Le Pr Jean Luc Jouve dirige le pole pédiatrique de la Timone.

"En urgence, il faut déjà rouvrir les lits qui ont été fermés. Ils ont été rouverts au moment de la première vague du covid puis refermés tout de suite après... Et là on les ré-ouvre pour la deuxième vague, et on sent qu'ils vont être refermés après. La fermeture des lits est strictement dépendante du personnel disponible." - Jean Luc Jouve, chef du pôle pédiatrie à l'hôpital de La Timone

 

Un personnel a bout de souffle, épuisé au point de jeter l’éponge. Nathalie Malhole est secrétaire médicale et syndiquée à la CGT Santé.

"Un départ massif des infirmières qui peuvent aller voir ailleurs, qui disent: terminé ! Là, on s'en lave les mains, on s'en va. Ils ont donné, mais là, ils disent stop !" - Nathalie Malhole, secrétaire médicale CGT

 

C’est tout ce ras le bol qu’exprimeront les soignants le 15 octobre, avec une journée de mobilisation et de grève nationale.

 

"On n'a pas encore rattrapé le retard des patients qui ne sont pas venus pendant le covid, que la deuxième vague covid arrive. Manque d'aide-soignants et d'infirmiers aux urgences, gros afflux avec le covid... Les gens qui se mettent en arrêt maladie n'en peuvent plus" - Nathalie Malhole, secrétaire médicale à l’AP-HM, l’assistance publique hôpitaux de Marseille

 

 

L'alerte de l'ARS en Ile-de-France: la région va "prendre une marée très forte"

Il faut s'attendre à un afflux de nouveaux malades du Covid-19, prévient l'Agence régionale de santé d'Ile-de-France. Alors que 40 % des lits de réanimation sont occupés par des malades du virus, le plan blanc est réactivé "au vu de la pression sur les lits de réanimation et d'hospitalisation conventionnelle" et afin de "mobiliser toutes les ressources et anticiper les jours à venir". Dans les services de réanimation, on se prépare à des semaines intenses.
Reportage Sud Radio de Mathilde Choin

 

Même si le terme de marée lui paraît aujourd'hui fort, Bruno Mégarbane, le chef du service de réanimation médicale et toxicologique de l'hôpital Lariboisière à Paris, s'attend à une période difficile:

"Cette augmentation coïncide avec la période hivernale, qui déjà habituellement hors de la covid, sature les lits de réanimation chaque hiver" - Bruno Mégarbane,  chef de service à Lariboisière

 

12.000 lits de réanimation?

Fin août, le ministre de la Santé Olivier Véran, promet 12.000 lits dans les services de réanimation pour affronter une seconde vague. Un objectif qui peut être atteint selon Jamil Rahmani, le chef du service d'anesthésie réanimation à l'hôpital franco-britannique de Levallois-Perret... Pour autant, il émet une réticence!

"En mobilisant les salles de réveil, les blocs opératoires, en transformant les unités de soins continus en réanimation, on pourrait arriver à 11 ou 12.000 lits mais il faut pouvoir les faire tourner, et ça c'est pas gagné !" - Jamil Rahmani, chef de service anesthésie réanimation à Levallois-Perret

 

Car les aides-soignants, les médecins et les infirmiers sont fatigués. Eric Maury est professeur de médecine intensive-réanimation à l'hôpital Saint-Antoine à Paris et président de la Société de réanimation de langue française. Le personnel soignant ne digère notamment pas les résultats du Ségur de la Santé, explique t-il:

"Il y a beaucoup de déception, de démotivation, de gens qui quittent l'hôpital, il y a même des infirmières qui arrêtent d'être infirmières. On est dans une situation qui n'est pas confortable du tout!" - Eric Maury, professeur de médecine intensive-réanimation à l'hôpital Saint-Antoine

 

Face à l'évolution de l'épidémie en Ile-de-France, l'Assistance publique hôpitaux de Paris envisage d'annuler les congés pour la Toussaint.

 

"Le pays tousse car l'hôpital ne peut plus assurer"

Une situation à laquelle le privé se dit prêt. "Nous sommes partie prenante", insiste Lamine Gharbi est le président de la Fédération de l'hospitalisation privée. "Plus de 100 autorisations de réanimation temporaires sont opérationnelles aujourd'hui si demain le besoin s'en faisait sentir. C'est le cas en Occitanie, en Ile-de-France, en PACA où le privé assure 30% des réanimations nécessaires pour prendre en charge la pandémie actuelle".

 

"Cela va passer par de la déprogrammation chirurgicale. C'est un peu dommage d'en arriver là, de voir le pays tousser parce-que l'hôpital ne peut pas assurer sa mission". "Eric Maury est professeur de médecine intensive-réanimation à l'hôpital Saint-Antoine à Paris et président de la Société de réanimation de langue française. Il s'attend à des semaines tendues

 

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