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Casseurs : "L’interruption du processus législatif offre une base de légitimité"

Par Jean Baptiste Giraud

Fabien Jobard, sociologue, analyse le phénomène des black-blocs et des violences dans les manifestations dans "Sud Radio vous explique".

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Des black-blocs présents le 28 mars 2023 lors de la 10e journée de mobilisation contre la réforme des retraites. (Photo by Samuel Boivin/NurPhoto) (Photo by Samuel Boivin / NurPhoto / NurPhoto via AFP)

La 10e journée de mobilisation contre la réforme des retraites a une nouvelle fois été le théâtre de violences. Si l’intensité et le nombre sont en baisse, la question demeurent : pourquoi cette violence ? Et d’où viennent les "casseurs" ? Fabien Jobard, sociologue, directeur de recherche au CNRS et co-auteur de "La Politique du Désordre" explique que ceux qu’on appelle des casseurs sont "des jeunes anarco-autonomes".

 

"Les casseurs se retournent vers les manifestants et disent : ‘vous voyez, ça ne sert à rien de manifester’"

"Il y en a toujours" dans les manifestations. "Simplement, parfois on les voit, parfois on les voit pas." Notamment, explique-t-il, ils n’ont pas été vus "lorsque les services d’ordre des syndicats encadraient les manifestants". Ou encore lorsque "l’idée des manifestations était de faire nombre en laissant la discussion parlementaire se dérouler".

Dès lors que "la discussion parlementaire est brutalement interrompue par le 49.3", ils apparaissent. "Là, les casseurs se retournent vers les manifestants et disent : ‘vous voyez, ça ne sert à rien de manifester’", souligne Fabien Jobard. La discussion parlementaire étant interrompue, les casseurs déclarent qu’il faut "employer la violence, c’est par la violence qu’on se fera entendre".

Et c’est ainsi que les casseurs ne sont plus "quelques centaines" mais deviennent "quelques milliers". "Parce qu’en fait l’interruption du processus législatif offre une base de légitimité aux personnes qui estiment que la violence c’est le moyen essentiel de se faire entendre."

Black-bourges : "Je pense que c’est réducteur"

"Il y a des manifestants qui attendent les opportunités pour commettre des violences", confirme le sociologue. Leur objectif est toutefois de dire : "ne vous laissez pas abuser par l’État, qui n’est démocratique qu’en apparence. Nous allons le provoquer, et vous allez voir". Fabien Jobard affirme que c’est un "jeu de provocation-réaction". Et dans ce jeu, "l’art de l’État est de ne pas se laisser entraîner".

Gérald Darmanin a parlé de "black-bourges", pour parler des "black-blocs". "J’y vois la dextérité lexicale du ministre de l’Intérieur", analyse Fabien Jobard. "Je pense que c’est réducteur." s’il y a des jeunes bourgeois chez les black-blocs, "il y a aussi pas mal d’apprentis, des jeunes qui sont déscolarisés, des jeunes travailleurs..." Pour le sociologue, "c’est un public beaucoup plus divers que ce que l’expression black-bourges" signifie.


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