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Au détriment de leur enseignement, les étudiants infirmiers appelés dans les hôpitaux et les maisons de retraite

Par Augustin Moriaux

Bien que le regain épidémique de novembre semble osciller vers un désengorgement des services hospitaliers, les étudiants infirmiers pourront être appelés dans les hôpitaux. Seulement, c'est surtout des maisons de retraite qu'émanent les besoins et les étudiants se sentent instrumentalisés, conscients qu'ils pâtissent d'une mauvaise gestion des établissements de santé publique.

Non, les étudiants ne seront pas "En pause", loin de là. Mobilisés pour prêter main forte, leurs cours passent à la trappe. (Photo Loïc Venance / AFP)

Un reportage de Lionel Maillet pour Sud Radio.

Appelés à mobilisation dans les hôpitaux, les étudiants infirmiers de Provence-Alpes-Côtes d'Azur se sentent lésés et leurs études, sacrifiées. Depuis déjà près d’une semaine, ils sont privés de formation. L’Agence régionale de santé a suspendu les cours des "deuxième année" pour les placer en réserve sanitaire au moins jusqu’à mi-décembre.  Les volontaires iront aider à affronter la deuxième vague, bien que celle-ci perd en intensité. Mais cette fois, pas sur qu’ils soient très nombreux.

Une décision qui frôle le scandale selon Yann Cardi, du syndicat Sud Santé Sociaux.

"Leur formation est annihilée dans l'oeuf. En plein milieu de leur formation, on leur dit "vous arrêtez tout, vous allez en service désormais" jusqu'au 13 décembre, et il y a une possibilité de prolongation. Je pense que c'est surtout dans les Ehpad qu'il y a un problème de manque de bras. Les agents qui ont vécu la première vague de Covid-19 n'ont pas pris leurs congés, vont donc les prendre, et l'ARS appelle les jeunes qu'elle considère comme de la main d'oeuvre soignante. Cela risque même d'avoir une incidence sur leur promotion en fin d'année scolaire pour ceux qui ne se seraient pas rendus dans les services hospitaliers."

Une étudiante témoigne, se sentant instrumentalisée pour pallier une gestion calamiteuse depuis plusieurs décennies.

Fini les stages et les cours, la formation d’infirmière de Marie s’est arrêtée net  au  moins jusqu’au 13 décembre, elle est en 2eme année à Aix en Provence.

"Un mois de cours qui passe à la trappe, c'est énorme car le semestre 3 est l'un des plus conséquents en études de médecine, d'autant plus qu'en mars dernier, on avait déjà perdu deux mois de cours. J'aurais préféré être réquisitionné mais avoir un suivi pédagogique."

Ces étudiants sont embauchés en CDD, avec le statut d’aide soignant. Lisa, loin d'être naïve, a l'impression d'être le dindon de la farce : "La seule chose qui est dommage, c'est que l'ARS a fait passer un lien pour pouvoir s'inscrire et recevoir les demandes d'établissement qui ont besoin de bras, et il n'y a que des maisons de retraite qui se manifestent ! Donc une question se pose : est-ce que les hôpitaux sont vraiment dans le besoin ou est-ce que c'est le besoin des maisons de retraite qui ressort, mais ce besoin existant depuis très longtemps."

Compte tenu du salaire et des conditions de travail, seront-ils nombreux à répondre à l'appel ?

À 1200 euros par mois, peu de candidats accepteront de travailler dans ces conditions, prévient Audrey Padelli du syndicat Sud Santé Sociaux.

"Il faudrait déjà les rémunérer correctement. Il y a trop de risques : ils peuvent se retrouver en unité Covid, dans des services de réanimation. Je rappelle que les personnels hospitaliers qui ont été contaminés par le Covid n'ont pas été reconnues en maladie professionnelle. Il fallait les laisser faire leurs études !" 

Avec l’arrêt de leur formation, ces jeunes perdent certes le statut d’étudiant mais gardent leurs bourses et leurs indemnités de stage. Toutefois, la situation a tout d'une bombe à retardement puisque ce sont nos futurs médecins et ceux de nos enfants qui perdent là une certaine qualité d'enseignement, à l'heure où la santé atteint son paroxysme de remise en question.

 

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