"J’ai renoncé par humanité, pas par peur". En sept mois d’audience, Salah Abdeslam ne s’était jamais montré aussi loquace que ce mercredi soir. Le seul survivant des commandos du 13 novembre a longuement parlé, à la Cour d’Assises spéciale. Par le passé il avait évoqué une ceinture explosive défectueuse.
Mais désormais, Salah Abdeslam prétend avoir volontairement renoncé à se faire exploser. Une nouvelle version qui avait été mise à mal par la police scientifique.
Donc la question se pose désormais : et si finalement les aveux de Salah Abdeslam n’était qu’un mensonge ? Devant une salle d’audience soulagée par ce revirement de situation, il explique avoir renoncé au dernier moment "par humanité". "Je voyais les gens rigoler, des très jeunes danser, je comprends alors que je n’allais pas le faire", raconte-t-il.
Salah Abdeslam se contredit donc avec ce qu’il avait révélé jusqu’ici, certifiant la thèse de l’erreur technique. Une ceinture défectueuse ? "Un mensonge dont je n'ai pas réussi à me défaire tout au long de ma cavale" plaide-t-il par peur de représailles de ses complices.
Oui sauf qu’en fait, son gilet d'explosifs l’aurait vraiment empêché de se faire exploser ce soir là, dans ce bar parisien du 18e arrondissement.
"Le gilet explosif de Salah Abdeslam n'était pas fonctionnel"
Il y a 4 ans, en 2018, la police scientifique fait des relevés sur cette fameuse ceinture retrouvée par des éboueurs 10 jours après les attentats. Elle avait été jetée par Abdeslam dans la précipitation alors que ce dernier tentait de rejoindre la Belgique.
Le rapport de la scientifique consultée par nos confrère de France Inter à l'époque est formel. "Le gilet explosif n'était pas fonctionnel, que ce soit sa plaque avant comme sa plaque arrière". Deux plaques d’explosifs qui ne pouvaient donc, en l’état, ne jamais exploser. "Un câble était abîmé à l'avant et une perle d'allumage défectueuse à l'arrière".
Alors Salah Abdeslam avait-il essayé de déclencher cette ceinture ou a-t-il vraiment renoncer ne tentant même pas de l’actionner ? Ce sera à la Justice de trancher. L’audience doit reprendre ce jeudi après-midi.
Traqué alors par les polices européennes, Salah Abdeslam avait été arrêté le 18 mars 2016 à Molenbeek, plus de 4 mois après les attentats qui auront fait au moins 130 morts et plus de 413 blessés.