Olivier Faure, Marine Tondelier, Raphaël Glucksman et Fabien Roussel: la gauche hors LFI affiche une image de réconciliation à Bram (Aude) en vue des prochaines échéances électorales, même si des divergences demeurent.
Alors que le Premier ministre Sébastien Lecornu a écarté vendredi plusieurs de ses demandes, comme la taxe Zucman sur les hauts patrimoines ou une suspension de la réforme des retraites, ancrer l'union à gauche est plus que jamais une nécessité, notamment pour la prochaine présidentielle.
Ils pourraient aussi se mettre d'accord sur la censure du prochain gouvernement, LFI appelant le reste de la gauche à voter la motion qui sera déposée en ce sens par ses députés dès le 1er octobre.
"Olivier Faure à Bram, c'est bien, avec Marine Tondelier, c'est encore mieux", salue un député socialiste.
Car le Premier secrétaire du PS, qui a gagné de justesse son dernier congrès, arrive sur les terres d'une de ses opposantes internes, Carole Delga, très critique sur sa stratégie, lui reprochant d'avoir scellé un accord avec La France insoumise aux législatives de 2022 et 2024.

La présidente du conseil régional d'Occitanie, Carole Delga (devant) s'exprime lors de la 5e édition des "Rencontres de la Gauche" à Bram, le 27 septembre 2025 dans l'Aude
Idriss BIGOU-GILLES - AFP
"L'état d'esprit c'est de rassembler la famille", affirme un autre député socialiste, soulignant que depuis que le PS a consolidé son image de parti de gouvernement en présentant une proposition de budget alternatif, plébiscitée par les Français selon un sondage, il est "plutôt uni".
"C'est important pour Olivier de s'exprimer devant des militants qui sont pas forcément de son courant mais qui ont besoin de l'entendre", ajoute le même.
Et s'il vient en terres occitanes avec la patronne des Ecologistes, c'est aussi pour se faire le VRP de l'union de la gauche, et d'une candidature commune pour la présidentielle.
Marine Tondelier l'admet volontiers, Carole Delga n'est "pas sa meilleure amie à gauche", les deux femmes étant notoirement opposé sur le projet de l'autoroute A69, défendue par la présidente d'Occitanie.
- convaincre -
Mais les Ecologistes et la direction du Parti socialiste ont déjà acté ensemble le principe d'une candidature commune pour 2027 - avec Générations et les ex-insoumis -, via certainement une primaire, alors que Raphaël Glucksmann et Fabien Roussel s'y refusent.
"On a besoin que le PS soit aligné sur quelque chose de clair, sur l’écologie et la question de la primaire", qui "est encore un sujet" au sein du parti à la rose, souligne un cadre écologiste.

La présidente du conseil régional d'Occitanie, Carole Delga (2e d) et le sénateur socialiste Patrick Kanner (c) lors de la 5e édition des "Rencontres de la Gauche" à Bram, le 27 septembre 2025 dans l'Aude
Idriss BIGOU-GILLES - AFP
Carole Delga n'est en effet pas très favorable à une telle option, et les opposants à Olivier Faure plaident plutôt pour "une affirmation socialiste", assurant qu'ils sont les seuls à pouvoir rassembler largement derrière eux.
Pour Marine Tondelier, "ce sont aussi des interlocuteurs, j'y vais pour les convaincre, et leur dire +votre place est avec nous dans le dispositif+", explique-t-elle, plaidant pour un périmètre incluant aussi La France insoumise, même si le parti de la gauche radicale a déjà annoncé qu'il ne participerait à aucune primaire et qu'Olivier Faure est aussi opposé à la participation de LFI.
Un travail de conviction qu'elle pourra mener lors d'un débat sur "l'avenir de la gauche et de la France". Il rassemblera pour la première fois les quatre chefs de parti qui ont un point commun: des ambitions présidentielles sont prêtées à chacun.
Elle devrait notamment ferrailler avec Raphaël Glucksmann, qui porte une ligne clairement anti-LFI. Fort de son bon score aux européennes qui l'ont placé en tête de la gauche, ce dernier espère s'imposer dans les sondages pour incarner le vote utile.
Côté primaire, un cadre écologiste reconnait: "On a annoncé qu’en 2027 on souhaite avoir une candidature commune avec le PS, c’est la première fois que ça arrive. Et ça veut dire qu’il y aura forcément une opposition entre deux candidats, nous et LFI". Mais il prévient: "On n’acceptera pas de dire +quoi qu'il arrive le candidat doit être PS+".
Par Cécile AZZARO / Bram (France) (AFP) / © 2025 AFP