single.php

Zemmour est trop rude, dur et clivant pour Robert Ménard

Par La Rédaction

Robert Ménard, maire de Béziers était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 4 novembre 2021

Robert Ménard
Robert Ménard, maire de Béziers  interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio, le 4 novembre 2021, dans "le petit déjeuner politique". 

Sophie Pétronin, ex-otage libérée en échange de la libération de 200 jihadistes, est retournée au Mali où elle avait été kidnappée. Un retour qui fait polémique mais qu’elle assume alors que le gouvernement a jugé cette décision "irresponsable". "Je crois que le mot irresponsable n’est pas suffisant", estime Robert Ménard qui a été à la tête de Reporters Sans Frontières. "C’est de la folie, c’est de l’inconscience", estime-t-il rappelant que "le prix à payer pour qu’elle soit libérée avec les trois autres otages ça a été de libérer plus de 200 jihadistes dont certains c’est l’armée française qui les avait arrêtés". "Elle est cinglée", déclare le maire de Béziers. "Tu te dis : mais maintenant, qu’elle y reste au Mali. Et j’espère qu’il ne viendra à l’idée à personne d’aller s’occuper d’elle si les djihadistes en question la récupèrent."

 

Sophie Pétronin de retour au Mali : "Qu'elle se débrouille, maintenant"

Sophie Pétronin avait déclaré à peu près que "ces djihadistes ne sont pas si terribles que ça" et se serait convertie à l’Islam, souligne Robert Ménard. Le maire de Béziers juge également qu’elle ne peut être considérée comme tout autre Français vivant à Bamako, au Mali, car "elle est un symbole" et pour qui "nos militaires ont pris des risques insensés".

Il répète qu’aller la chercher n’est pas une option : "qu’elle se débrouille, maintenant". "Jusqu’à preuve du contraire, la main est sur les autorités maliennes", notamment car elle est rentrée dans le pays clandestinement, "sans visa", après plusieurs demandes refusées. Néanmoins, si elle est expulsée du Mali vers la France, le maire de Béziers ne nie pas qu’il faudra l’accepter. "Qu’est-ce que vous voulez faire ?", demande-t-il. "Mais il ne faudra plus la laisser repartir là-bas !".

 

Robert Ménard : "Qui peut imaginer que le voile est autre chose qu’une affirmation de l’Islam ?"

Le Conseil de l’Europe avait lancé, sur Internet, une campagne en faveur de la liberté et notamment la liberté de porter le hijab. Face à la polémique, cette campagne a été retirée, malgré le ton affiché qui prônait la liberté de porter le voile ou non. "Qui peut imaginer que le voile est autre chose qu’une affirmation de l’Islam ?", demande Robert Ménard.

Il rappelle en outre que "le Conseil de l’Europe est quand même la structure chargée des Droits de l’Homme et des Droits des Femmes" alors que Nasrin Sotoudeh, avocate iranienne, avait été emprisonnée 30 ans et avait reçu "148 coups de fouets" uniquement pour avoir "refusé de porter le voile, et pour avoir défendu des Iraniennes, qui refusaient de porter le voile". La campagne du Conseil de l’Europe est, pour Robert Ménard, un "reniement" bien que la comparaison entre la loi iranienne et la loi européenne ne puisse être réalisée.

 

"Il y a un entrisme des Frères Musulmans à l’intérieur du Conseil de l’Europe"

La polémique sur cette campagne est remontée jusqu'au gouvernement, avec le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer qui a critiqué le Conseil de l’Europe et ses idées qu’il juge parfois contraires aux valeurs européennes. Robert Ménard acquiesce et souligne même que le Conseil de l’Europe est entouré "d’associations qui travaillent avec lui" et parmi lesquelles "on sait très bien qu’il y a des organisations qui dépendent des Frères Musulmans". "Il y a un entrisme des Frères Musulmans à l’intérieur du Conseil de l’Europe, ça c’est une chose. Mais que le Conseil de l’Europe, que les gens chargés des Droits de l’Homme, se mettent dans une posture pareille c’est invraisemblable."

Le maire de Béziers rappelle que la campagne en question a été payée par la Commission européenne, donc les Européens. "La Commission européenne, elle est là pour payer des campagnes de ce type-là ? Il y a des questions à se poser", réagit-il.

 

Il y a une "pression sociale" à porter le voile

Le port du voile n’est toutefois pas interdit en Europe et fait partie des libertés fondamentales. Mais pour Robert Ménard, c’est "une affirmation de l’islamisme". Toutefois, il ne dit pas que "toutes les femmes qui portent le voile sont des islamistes", mais il demande aux femmes des quartiers qui portent aujourd’hui le voile pourquoi "dans ces mêmes quartiers où il y a 20 ans il n’y avait pas une femme maghrébine qui portait le voile, il y en a 60-70-80 % aujourd’hui ?", note le maire.

S’il concède que le port du voile peut être "un choix religieux", il juge qu’il y a également "une pression sociale". "J’ai vu arriver dans ma Mairie des femmes m’expliquer qu’il leur était impossible dans telle ou telle rue de ma propre ville de ne pas porter le voile car elles se faisaient insulter par les copains de leur mari qui les traitaient de trois noms d’oiseaux." Si certaines femmes portent le voile "de bonne foi", Robert Ménard précise que malgré tout "c’est aujourd’hui une montée de l’islam politique" en rappelant que "rien dans l’islam ne vous oblige à porter le voile". Cette lecture est "une lecture islamiste", explique le maire de Béziers qui précise ne pas "confondre islam et islamisme".

 

Il y a "des gamines de 7 ou 8 ans entièrement voilées"

Sur le voile et le port du voile, aujourd’hui autorisé sur la voie publique, Robert Ménard explique s’être "posé la question" d’une telle interdiction et se demander "si ce ne serait pas nécessaire". Le débat est néanmoins "plus compliqué". Pour lui, le voile est aujourd’hui "devenu un tel symbole de l’islamisme, un tel symbole politique, une telle affirmation du communautarisme, que je pense que le laisser prendre sa place dans l’espace publique, pas seulement dans les écoles et tout, c’est une vraie question".

Robert Ménard rappelle que le voile est devenu une "obligation" y compris pour des femmes qui ne veulent pas le porter. Il raconte voir, le dimanche matin, "des gamines de 7 ou 8 ans entièrement voilées". "Comment vous réagissez, vous ? Vous avez envie que votre fille soit entièrement voilée ?"

 

"J’ai longtemps pensé qu’il fallait interdire le voile dans tout l’espace public"

Interdire le voile reviendrait néanmoins à interdire une liberté religieuse, ce qui est contraire aux principes de la République française. "Je sais qu’on est à la limite du débat", souligne le maire de Béziers. "J’ai longtemps pensé qu’il fallait interdire le voile dans tout l’espace public", explique Robert Ménard, mais sa pensée a évolué. "J’essaye de voir comment, et c’est compliqué, protéger les femmes qui ne veulent pas porter le voile et prendre en compte le fait qu’il peut y avoir une minorité de gens pour qui c’est un choix personnel que je peux respecter." Néanmoins, d’un point de vue purement juridique, "aujourd’hui c’est impossible" d'interdire le voile dans l'espace public.

 

Eric Zemmour a fait exploser "la barrière entre la droite et l'extrême-droite"

Robert Ménard ne s’est pas encore positionné en faveur de Marine Le Pen ou d'Eric Zemmour de manière précise. Il semble plutôt jouer les médiateurs entre les deux. "J’essaye", précise-t-il, jugeant que Zemmour a apporté des "choses formidables au débat" notamment sur l’immigration. "Il y a un certain nombre de points qu’il a réussi" à mettre sur la table, analyse le maire de Béziers. "Ça c’est ce qui me séduit", déclare l’élu, tout comme le fait qu’il aurait "fait exploser" la barrière "entre la droite et l’extrême-droite".

Toutefois, il critique Eric Zemmour sur sa manière de faire : "avec une brutalité, une absence de sensibilité, qui me pose question". Eric Zemmour, pour Robert Ménard, est "rude" et "dur". Robert Ménard déclare de son côté toujours tenter d’avoir des propos plus nuancés, habitude qu’il attribue au fait qu’il soit maire. Zemmour à des propos "trop rudes, trop durs" pour être répétés dans certains quartiers de Béziers, devant les habitants.

 

Zemmour : "Je vous rappelle que pour gagner une élection il faut faire 50%"

Les déclaration de Zemmour, qui font polémique quasiment tout le temps, lui ont permis de monter dans les sondages. Mais "faire 16% des voix, c’est une chose. Je vous rappelle que pour gagner une élection il faut faire 50%".

Robert Ménard estime que le polémiste a modéré certains propos, depuis le début de sa campagne. Une attitude qu’il juge liée au fait qu’il se serait rendu compte "qu’un certain nombre de sujets qui, certes, vous font au départ faire une campagne du tonnerre et gagner des voix, mais à un certain moment c’est tellement clivant que ça pose problème".

 

Marine Le Pen s'est retrouvée "très affaiblie et inaudible"

Si Eric Zemmour ne s'est pas encore déclaré candidat à l'élection présidentielle, Robert Ménard a "aujourd'hui du mal à l'imaginer" président de la République. "Je pense que les Français ont besoin d'être rassuré, d'un diagnostic sans concession mais aussi de réponses", explique le maire de Béziers. "Dire 'immigration zéro' est une absurdité, ça n'existe pas", ajoute l'élu qui continue, dans le même temps à critiquer Marine Le Pen. "Je pense que sur les questions économiques et sociales, elle n'a pas un discours réaliste, qu'elle pourra mettre en œuvre", juge-t-il, en prenant pour exemple la retraite à 60 ans.

Si la candidate du Rassemblement national s'est retrouvée "très affaiblie et inaudible" face à Eric Zemmour, elle a depuis "trouvé un ton un peu plus convaincant". Lors du discours d'Eric Zemmour à Béziers, en octobre dernier, le maire qui était dans le public souligne qu'il dit "la même chose que le RN sur 90% des choses", en empruntant toutefois "un autre ton".

 

"La pire des choses, c'est qu'ils pourraient nous faire perdre"

Selon l'édile biterrois, les deux candidats sont "partis pour aller jusqu'au bout". "La pire des choses, c'est qu'ils pourraient nous faire perdre", alerte Robert Ménard qui souligne la possibilité de voir aucun des deux au second tour. "Alors qu'on représente 35-37% des voix, on pourrait se retrouver avec personne au second tour", prévient l'élu.

Pour se présenter à la présidentielle, chaque candidat doit trouver ses financements. Emmanuel Macron avait promis la banque de la démocratie pour permettre à chacun de trouver ses fonds. "Une promesse de plus qu'il ne tient pas", répond Robert Ménard. "Imaginez que ni Mélenchon, ni Le Pen, ni Zemmour ne puisse se présenter parce que soit ils n'ont pas les signatures, soit parce qu'ils n'ont pas l'argent, ce serait scandaleux", estime le maire.

À l'approche du congrès des Républicains, l'union de la droite semble difficilement envisageable. "On a trois candidats à droite, dans tous les cas, il faudra se rallier à celui qui sera en tête", plaide l'élu local qui précise "ne pas avoir d'ennemi à droite". Robert Ménard "n'hésitera pas un seul instant" à appeler à voter pour le candidat LR s'il se retrouve devant Marine Le Pen et Eric Zemmour. "Ce n'est pas ma tasse de thé mais je ne les confonds pas avec Macron", précise-t-il.

 

 

 

 

Cliquez ici pour écouter "L’invité politique" avec Patrick Roger

Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !

L'info en continu
23H
22H
21H
20H
19H
18H
16H
Revenir
au direct

À Suivre
/