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Philippot quitte le FN : et si Marine Le Pen était la prochaine sur la liste ?

Le départ de Florian Philippot, incarnation de la dédiabolisation et du virage idéologique du FN, marque un tournant périlleux pour le parti frontiste.

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Bien sûr, on peut faire valoir que Marine Le Pen n’avait pas attendu Florian Philippot pour essayer d’agréger autour du FN les perdants de la mondialisation et les classes moyennes et populaires laminées par le libéralisme. Il faut se souvenir que la mue s’est faite un peu avant l’arrivée de Florian Philippot, sous l’influence notamment d’Alain Soral, qui part en 2009 au moment où Florian Philippot arrive. Venu de l’extrême-gauche, Alain Soral continuait son chemin vers un véritable national-socialisme. C’est Florian Philippot qui devient à ce moment-là non seulement le visage du tournant idéologique du parti, qui abandonne peu à peu la rhétorique purement identitaire sur la France éternelle attaquée par l’immigration, mais aussi celui de la dédiabolisation. C’est par sa présence qu’on combat les saillies antisémites, les provocations, et qu’on fait dans le parti de gouvernement. Du coup, la querelle est, bien sûr, une querelle personnelle, avec des haines familiales comme seul le FN sait en produire, mais si Marine Le Pen accepte que Florian Philippot soit le bouc-émissaire de la défaite, c’est qu’elle-même n’est pas très sûre de ses positions.

Pendant des années, le FN était le seul à faire entendre un discours qui non seulement comprenait la colère des citoyens contre les dénis de démocratie de l’Union européenne, contre la destruction des modèles sociaux, contre la disparition des services publics, mais aussi contre la fragilisation culturelle des classes populaires. Or, la présidentielle a montré une chose. Contrairement à ce qu’ont voulu faire croire nombre de commentateurs, le souverainisme n’est pas une variante de l’extrême-droite. Ce discours souverainiste était suivi par des électeurs, mais ces électeurs ont entendu un discours de contestation sociale qui arrivait à prononcer le mot "patrie" - de la part de Mélenchon –, et du coup ils y sont allés. C’est Mélenchon qui a fait baisser Marine Le Pen ! Donc mécaniquement, le retour du FN à sa base identitaire anti-immigration va lui faire perdre tous les nouveaux électeurs qui étaient arrivés ces dernières années. Ils n’iront toutefois pas tous chez les Insoumis et resteront essentiellement orphelins.

Marine Le Pen a prouvé pendant la présidentielle ses limites lors du débat d’entre-deux tours. C’est l’une des causes du problème. Là, elle se retrouve acculée par ceux qui, dans son parti, après avoir réclamé la tête de Florian Philippot, veulent infléchir la ligne. À ce train-là, c’est elle la prochaine sur la liste.

Réécoutez en podcast l’édito quotidien de Natacha Polony dans le Grand Matin Sud Radio

 

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