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Macron, Montebourg, Fillon… Les vives réactions à la décision de Manuel Valls

Par Benjamin Jeanjean

Alors que Manuel Valls a affirmé ce mercredi matin qu’il voterait pour Emmanuel Macron à la présidentielle, les réactions ne se sont pas fait attendre dans la classe politique. 

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Si la décision n’a pas surpris beaucoup de monde, elle a tout de même fait l’effet d’une bombe à gauche, où le Parti socialiste apparaît aujourd’hui plus divisé que jamais. En annonçant ce mercredi matin qu’il ne voterait pas pour Benoît Hamon mais bien pour Emmanuel Macron, et ce malgré l’engagement pris pendant la primaire, Manuel Valls a secoué le microcosme politique, notamment à gauche où certains pointent du doigt son sens de l’honneur. Mais le premier à réagir a tout bonnement été… Emmanuel Macron, interrogé quasiment en même temps sur Europe 1.

Macron "remercie" Valls, mais ne gouvernera pas avec lui

"Je l’en remercie", a aussitôt réagi le candidat d’En marche!. "Ça traduit ce que j’avais indiqué il y a plusieurs mois, c’est à dire que les primaires n’étaient pas en situation de réunir l’ensemble de la gauche, et ça traduit le fait que les socio-démocrates et les hommes et les femmes de gauche responsables sont prêts à s’inscrire dans une démarche qui est la mienne", a-t-il encore déclaré, tout en écartant l’hypothèse de travailler avec celui qui fut son rival politique pendant de longs mois : "Je serai le garant du renouvellement des visages et des pratiques".

Le maire d'Evry, Francis Chouat fait, lui, partie des rares à avoir soutenu le choix de Manuel Valls. S'il ne remet pas en cause la légitimité du candidat socialiste, "lorsqu’on en arrive à devoir choisir entre la légitimité d’une candidature et ses convictions profondes, c’est bien que la situation est grave", a estimé le maire d'Evry, qui a pris la succession de l'ancien Premier ministre. "Le problème pour Manuel Valls est de faire en sorte que la France évite de choisir entre François Fillon et Marine Le Pen", a-t-il ajouté.

"Un homme sans honneur", "minable", qui "renie sa parole"

 À gauche, le ton est acerbe chez les partisans de Benoît Hamon, qui ne digèrent pas la trahison de l’ancien Premier ministre. "Chacun sait désormais ce que vaut un engagement signé sur l'honneur d'un homme comme Manuel Valls : rien. Ce que vaut un homme sans honneur", a ainsi déclaré Arnaud Montebourg sur son compte Twitter

Même son de cloche du côté de Karine Berger, députée PS des Hautes-Alpes : "Un seul adjectif ce matin pour qualifier le comportement de Manuel Valls : minable".

Co-directeur de campagne de Benoît Hamon, le député de Seine-Saint-Denis Mathieu Hanotin a déclaré sur BFMTV ne pas être surpris de cette décision. "Manuel Valls a choisi de renier sa parole. Après on pourra avoir tous les prétextes... J’ai du mal à comprendre qu'un ancien Premier ministre renie sa parole. Ça donne l'image d'une partie de la classe politique qui est prête à tout pour rester au pouvoir", a-t-il déclaré.

"Mauvais perdant et mauvais démocrate"

Engagée dans la campagne de Benoît Hamon, Aurélie Filippetti a fustigé une décision "pathétique". "Tous ces gens qui viennent donner des leçons et qui ne respectent pas leur propre parole. Je trouve cela lamentable. Comment peuvent-ils être crédibles auprès des électeurs ? Ce n’est pas Benoît Hamon qu’ils trahissent. Ce sont les 2 millions d’électeurs français de gauche qui sont allés se déplacer pour aller voter à la primaire de gauche et qui ont fait un choix très clair en faveur de Benoît Hamon. Il faut respecter la démocratie. Moi, Benoit Hamon n’était pas mon candidat au 1er tour de la primaire, je respecte la démocratie. C’est uniquement cela qui me choque aujourd’hui. C’est le mépris de la démocratie, d’un processus dans lequel nous étions tous engagés, qui a connu un succès populaire avec 2 millions de votants et qui est aujourd’hui piétiné par des gens qui sont tout simplement de mauvais perdants et de mauvais démocrates", a-t-elle déclaré au micro de France Info.

Le socialiste Gérard Filoche a, lui, d’ores et déjà appelé à l’exclusion de Manuel Valls du Parti socialiste. "Il faut une réunion extraordinaire du BN et du CN du PS et exclure Valls et les autres traîtres immédiatement", a-t-il déclaré sur Twitter, appelant à "défendre le socialisme et le PS".

"Les frondeurs récoltent ce qu’ils ont semé"

En revanche, Manuel Valls peut au moins se satisfaire du soutien du député socialiste de l'Eure François Loncle, partisan d'Emmanuel Macron. "Le cauchemar français serait un second tour Fillon - Le Pen. Manuel Valls place l’intérêt de la République au-dessus de toute considération. Il y a de plus des convergences évidentes entre nous : nous sommes des sociaux-démocrates, nous sommes des réformistes, nous sommes des progressistes. Les frondeurs récoltent ce qu’ils ont semé : un certain désordre", a-t-il confié sur BFMTV. Benjamin Griveaux, porte-parole d'En marche!, a lui aussi salué cette décision. "Être fidèle à ses idées plutôt qu'à son parti, moi, je m'en réjouis", a-t-il affirmé, critiquant par ailleurs l'utilité des primaires : "Elles ne permettent pas à un rassemblement à leur issue". Député socialiste de Gironde et membre du "pôle réformiste" du PS, Gilles Savary estime que le soutien de Manuel Valls est "un acte extrêmement courageux de sa part, un acte d'homme d’Etat", "d’autant qu’il ne faut pas se le cacher, le courant ne passe pas entre Emmanuel Macron et Manuel Valls". Selon lui, les hamonistes "se sont enfermés dans un jeu d’appareil" et "mettent le PS en lambeaux", tempête le socialiste.

Jean-Christophe Cambadélis "appelle tous les socialistes au calme"

Dans un communiqué publié dans la matinée, le Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, avoue être "triste de ne pas avoir réussi à convaincre Manuel Valls de ne pas soutenir Emmanuel Macron". Face aux déchirements actuels du parti, il "appelle tous les socialistes au calme, au respect de leurs principes et de leur cohérence pour une gauche qui gouverne et qui transforme".

Philippot, Le Pen et Fillon mettent la pression sur Macron

Du côté de Florian Philippot, vice-président du Front national, le soutien de Manuel Valls accentue un peu plus la pression sur Emmanuel Macron. "On a vu un homme qui ne respecte pas sa parole, ni le vote des électeurs, qui se sont déplacés pour participer à ce qui apparaît maintenant comme une mascarade. C’est la démonstration éclatante qu’Emmanuel Macron est le candidat du système. Emmanuel Macron a de plus en plus de mal à ne pas apparaître comme tel", a-t-il déclaré sur BFMTV. Marine Le Pen assure, elle, que "l'arrivée de Manuel Valls confirme qu'Emmanuel Macron est devenu un simple rouage dans ce grand plan de sauvetage de la Hollandie", a-t-elle affirmé sur son blog. Une analyse en partie partagée par François Fillon, qui a réagi via son compte Twitter. "Avec le ralliement de Manuel Valls, il est clair désormais que le gouvernement Hollande joue les prolongations. Besoin d'alternance !", a-t-il déclaré.

Le secrétaire général des Républicains, Bernard Accoyer, évoque quant à lui sur Radio Classique un PS "en pleine décomposition". "Valls et Macron sont idéologiquement proches, ce sont des concurrents qui se livrent une bataille de pouvoir, d'ego pas à la hauteur de la situation de la France. (...) C'est l'énième épisode d'une comédie entre acteurs de la gauche française", a-t-il pointé.

 

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