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Les propos de Nicole Belloubet au sujet de l’affaire Mila ont suscité la consternation.
A juste titre. Rappel : Mila, jeune fille injuriée menacée de mort et déscolarisée pour avoir tenu des propos insultants sur l’islam et sur le Coran. La garde des sceaux a déclaré sur Europe 1 que les menaces étaient inacceptables mais que l’insulte à la religion constituait évidemment une atteinte à la liberté de conscience.
Déferlement de critiques. Inepties juridiques selon Malka. Déclaration ridicule et désastreuse, selon Zineb. Si bien que Belloubet a rétropédalé dans l’après-midi (propos lapidaires et maladroits).
En quoi sont-ils problématiques ?
Doublement irresponsables.
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Immixtion dans une affaire en cours. (deux enquêtes ouvertes par le parquet de Vienne.) Devient une habitude dans ce gouvernement
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Surtout, rétablit le délit de blasphème. Belloubet emploie exactement les termes que la Ligue islamique mondiale qui milite pour la reconnaissance internationale du blasphème. En France, avance derrière le concept d’islamophobie (passe mieux à gauche où on adore la cage aux phobes). Bénéficient de la complaisance d’une grande partie de la gauche et de LFI. Qu’ils reçoivent le soutien de la Garde des sceaux est sidérant.
Mais si la critique est légale oui, l’insulte et l’appel à la haine sont des délits ?
L’insulte/la haine des personnes, oui. Mais sur les religions, sur les doctrines on a tous les droits. Vous pouvez vomir le judaïsme le libéralisme ou le confucianisme. (Malka) « Jamais un seul juge français n’a reconnu que des propos, même vulgaires, même injurieux, envers une religion ou des symboles religieux pouvaient constituer une «atteinte à la liberté de conscience». Houellebecq a été relaxé après avoir dit que l’islam était la religion la plus con du monde. Libé pour un dessin de Jésus nu portant seulement un préservatif. N parlons pas de Charlie. Que les croyants se sentent offensés, c’est la vie. Ne les empêche nullement de croire.
Belloubet s’est rétracté, Castaner siffle la fin de la récré. N’a-t-on pas fait beaucoup de bruit pour rien ?
Touche à un élément essentiel de notre identité politique.
Par ailleurs, épisode révèle que, sur ces sujets confusion et improvisation règnent au sommet de l’Etat. Dans la Macronie, beaucoup de gens pensent que tout de même, ce n’est pas bien de dire du mal des religions. Macron lui-même change de pied deux fois par jour.
Alors, je remercie Christophe Castaner d’avoir recadré sa collègue. Il n’y aura jamais de délit de blasphème en France a-t-il déclaré au Sénat. 230 ans après la Révolution française, personne ne nous obligera plus à faire allégeance aux dieux.