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Grève à la SNCF : un conflit pour couvrir les faux-semblants des politiques et des syndicats

Ce mardi débute la grève perlée de la SNCF, qui devrait perturber les transports français pendant de longues semaines. Un conflit d’une nouvelle nature sur la forme.

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C’est fait pour durer longtemps, et c’est hautement inflammable pour plusieurs raisons. D’abord, ce système de grève deux jours sur cinq va rendre le mouvement trois fois plus douloureux qui ne devrait l’être pour les usagers. On se souvient tous que ces dernières années, les mouvements sociaux étaient moins suivis et s’épuisaient vite. Sans doute que l’érosion du pouvoir d’achat des salariés n’aide pas à prolonger un conflit au-delà de quatre ou cinq jours. Sauf que cette fois, avec cinq jours de grève, un cheminot a un impact sur quasiment dix jours sur les usagers. Surtout, il faut bien comprendre que ni le gouvernement ni les syndicats ne peuvent lâcher.

La situation est insoluble car elle résulte du blocage de notre système politique, de la faible représentativité de nos gouvernants et de nos syndicats, et des faux-semblants des uns et des autres qui refusent d’assumer devant les citoyens leurs choix anciens. Emmanuel Macron s’est fait élire sur sa capacité à réforme, c’est-à-dire à aligner la France sur le modèle international actuel de réduction des protections sociales et de libéralisation des services publics. Bref, d’adaptation à la mondialisation néolibérale. Mais il a fait 24% des voix au premier tour de l’élection présidentielle ! Si on y ajoute les 20% de François Fillon, qui était sur la même ligne économique, on frôle les 50%, mais pas plus ! Et c’est ce que donnent d’ailleurs les sondages sur l’adhésion des Français à cette réforme…

Le problème, ce sont les décennies précédentes, où les gouvernements de gauche et de droite ont arrimé la France à l’Union européenne néolibérale telle que l’a dessiné l’Acte Unique de 1986, mais sans jamais dire aux Français ce que cela impliquait en matière de droits sociaux et de services publics ! Cette réforme, ce n’est que la transcription des règles européennes en matière ferroviaire.

Les syndicats ont soutenu pour la plupart ces choix politiques ! Ils font maintenant semblant d’en découvrir les conséquences… C’est d’ailleurs sans doute ça qui explique leur perte d’audience : ils sont apparus incapables depuis des années de comprendre ce qui se jouait autour de la libre circulation des marchandises, des hommes et des capitaux. Les usagers, eux, vont subir un bras de fer qui sert à couvrir les faux-semblants des politiques et des syndicats, sans que jamais on ne leur demande leur avis, points par points, sur le fond. C’est-à-dire sur le modèle économique qu’ils veulent.

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