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Gestion du Covid : Laurent Berger dénonce l’excès de "verticalité" dans les décisions

Par La Rédaction

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger jeudi 5 novembre sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Laurent Berger interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio le 5 novembre 2020 à 7h40.

Le climat autour des élections américaines est de plus en plus tendu mais la balance semble pencher en faveur de Joe Biden. Une bonne nouvelle pour Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT qui estime "évident que Biden est beaucoup plus rassurant". "Là on est plus dans une logique anti-Trump que pro-Biden", précise-t-il. Pour "les accords de Paris", pour "la protection sociale", "évidemment il faut aller vers Biden", ajoute le syndicaliste.

Donald Trump avait malgré tout le soutien d’une partie de la population salariée, notamment du fait de ses mesures protectionnistes. Une réalité, selon Laurent Berger : "ça s’est vu dans les chiffres au niveau économique", concède-t-il, "mais ça s’est vu dans une distorsion des inégalités", ces dernières ayant fortement augmenté. De cette élection, "ce qu’il faudrait retenir c’est que de toute façon il y a un problème, aujourd’hui, dans cette grande démocratie" qui se concrétise avec "une tentation de repli sur soi". "Ca se traite avec les questions sociales, d’égalité, de reconnaissance, ce qu’il n’a pas fait", déplore Laurent Berger.

"Il faut qu’on tende à 100 % de télétravail"

Le Confinement deuxième version fait débat, surtout au niveau de son efficacité, considéré plus souple que le premier instauré au printemps dernier. "Ce qui est sûr c’est qu’il n’a rien à voir avec le premier", note le secrétaire général de la CFDT. "Dans le domaine qu’est le mien, le travail, on a trop d’endroits où c’est difficile de faire appliquer le télétravail", rapporte-t-il. La faute à des chefs d’entreprise réticents alors que pour lutter contre la Covid-19 il faut "qu’on tende à 100%, de façon temporaire", assure le porte-parole.

Les salariés sont aussi en cause : "un peu tout le monde" rechigne à faire du télétravail, reconnaît-il. "Les salariés n’ont pas envie, moi aussi, je vais vous le dire franchement, j’ai pas envie d’être à 100% en télétravail non plus", confie Laurent Berger. Sauf que la seule chose "qu’il faut avoir en tête, c’est la question sanitaire", rectifie le chef de file de la CFDT. Les hôpitaux sont "en grande difficulté, avec des cas graves qui arrivent", témoigne-t-il. "Temporairement, si l'on veut que ça baisse, il faut respecter les règles sanitaires, et s’en tenir aux règles sanitaires", recommande le syndicaliste.

"Il faut appliquer la règle sanitaire"

Les petits commerçants sont contraints de fermer pour la deuxième fois de l’année. "Je les comprends", assure Laurent Berger. "Je ne suis pas médecin, mais si la règle sanitaire elle est qu’il faut éviter des contacts à tel, tel, tel endroit, il faut l’appliquer", encourage-t-il. Une règle est par ailleurs incompréhensible pour Laurent Berger : celle de la fermeture des rayons de supermarché. "Lorsque que vous êtes dans un supermarché et que vous allez acheter vos fruits et vos légumes ou vos conserves ou je ne sais quoi, et vous passez par le rayon habillement, vous n’êtes pas plus exposé au virus que si vous n’y passez pas".

Cette règle "a été faite pour qu’il n’y ait pas un sentiment d’iniquité, d’inégalité, entre les petits commerçants et les grandes surfaces", une décision compréhensible, "mais en même temps on manifeste une impuissance à l’égard d’Amazon", regrette-t-il. Pour le secrétaire général de la CFDT, cette décision est un accord "perdant-perdant". "La vente en ligne ne va pas souffrir", car on ne peut pas dire "attention, ne commandez pas avec Amazon". "Il faudra à un moment donné qu’il y ait de la vraie régulation sur le e-commerce", prévient-il.

Sur le télétravail, obligatoire en France, Laurent Berger a une demande simple : "il faut que dans chaque entreprise il y ait une discussion sur le télétravail, et que la base de départ de la négociation ce soit temporairement la consigne donnée par l’État", soit 100% de télétravail. Le 100% de télétravail, encore une fois temporairement et pour des raisons sanitaires, n’est pas respecté en fonction des entreprises, y compris dans des grandes entreprises qui ont dit "non, non, on ne fera pas 100% de télétravail". "Elles ont été rattrapées par la patrouille, c’est-à-dire par les organisations syndicales", se félicite le porte-parole de la CFDT.

"Il faut faire un peu plus confiance aux acteurs"

La gestion de la crise, qui se base en grande partie sur le très secret "Conseil de Défense", est critiquée. Pour Laurent Berger, "il y a un peu trop de verticalité, il faut faire un peu plus confiance aux acteurs". Il appelle donc le gouvernement à mobiliser les syndicats, les élus locaux... Pour autant, "je ne crois pas qu’on ait intérêt à se mettre sur la figure en cette période", car la gestion de la crise n’est pas simple. Les tensions, entre le gouvernement et le Parlement, sont palpables : "ça n’a rien à voir avec le premier confinement où il y avait quand même une forme d’unité et de solidarité", regrette le secrétaire général.

Les soignants, "continuent d’en baver, ça continue d’être l’enfer", souligne le syndicaliste, alors qu’on "n'entend plus parler" d’eux. Le gouvernement ne parle plus non plus "des travailleurs de deuxième ligne" qui "continuent d’être exposés", s'indigne Laurent Berger qui estime qu'il "faut revenir à la réalité". "Apprendre, quand vous êtes salarié de la Grande distribution, qu’il y a certains rayons qui vont être fermés dans votre magasin sans qu’aucun de vos représentants n’ait été consulté auparavant, ce n’est pas normal", dénonce-t-il.

 


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