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Benoist Apparu (L.R) : “Hollande est dans une position d’équilibriste”

Par Mathilde Régis

Une partie de la droite n’est pas forcément contre travailler avec le gouvernement pour lutter contre le chômage. C’est le cas de Benoist Apparu, député Les Républicains de la Marne et maire de Châlons-en-Champagne. Invité politique de Territoires d’infos ce mardi, il regrette cependant que les mesures annoncées ne soient pas assez détaillées.

À dix-huit mois de l'élection présidentielle, il ne serait “pas simple de monter une opération si ce n'est d'union nationale en tout cas de majorité de projet", pour Benoist Apparu. Il suffirait selon lui "de considérer effectivement que l'intérêt général l'emporte avant l'intérêt électoral". Le député Les Républicains de la Marne décrit ce matin François Hollande dans une position d'équilibriste : partagé entre un rassemblement à gauche pour avoir le moins de candidats possible en 2017 et de sérieuses mesures politiques qui contenteraient aussi la droite. "Le problème dans cette position, c'est qu'on ne fait pas de choix et qu'on ne va pas très profondément dans les choses. C'est le reproche principal que je pourrais faire au n-ième plan qui nous a été présenté hier pour lutter contre le chômage."Parmi les mesures intéressantes, Benoist Apparu cite notamment le plafonnement des indemnités de licenciement ou la flexi-sécurité. Il dénonce en revanche le manque d'éléments concrets. "La majoration des heures supplémentaires, par exemple, est un archétype. Concrètement, on ne sait rien sur ce que ça veut dire. Si j'ai bien compris – mais la mesure demande à être précisée –, nous pourrions avoir des accords d'entreprise sur le nombre d'heures supplémentaires, et donc on déplafonnerait complètement le nombre d'heures ? Sur leur majoration, est-ce qu'il y aurait quand même ou pas un plancher ?" s'interroge-t-il.Autre reproche, celui d'avoir fait, par le biais du CICE, la même mesure que la TVA sociale, supprimée il y a trois ans et demi par le Gouvernement : "Il serait beaucoup plus efficace de transformer le CICE en une baisse définitive, par exemple, des cotisations familiales qui pèsent sur les salaires. Il y a trois ans et demi que nous l'avions fait. Ils l'ont supprimé et reviennent en arrière. Tant mieux. Sur le principe, banco, je voterai ce type de mesure-là sans difficulté aucune, mais que de temps perdu." Temps perdu qu'il dénonce également concernant le débat sur la déchéance de nationalité : "Un mois et demi sur un symbole, ça commence à faire beaucoup !"

“Je serais curieux qu’un jour on me donne le calcul !”

Si le député accueille les 2 000 euros de prime à l'embauche pour les PME comme une bonne nouvelle pour les entreprises françaises, il n'est pas convaincu de l'efficacité de la mesure pour l'économie française en général : "On nous annonce 50 000 créations d'emploi liées à cette mesure. Je suis toujours fasciné – droite, gauche confondues – de cette capacité des gouvernements à annoncer des chiffres. Je serais curieux qu'un jour on me donne le calcul. Le risque majeur de ce type de mesure est l'effet d'aubaine. Toute les boîtes qui auraient quand même embauché vont prendre les 2 000 euros et tant mieux pour elles, ça leur fera du bien. Mais ça fera combien de chômeurs effectifs en moins ? Probablement peu sur les 50 000 annoncés. Ce qui me gêne, c'est qu'on est encore dans le traitement social du chômage. C'est-à-dire que l'on subventionne soit la création d'emploi publique soit la création d'emploi privée, ce qui ne me paraît pas être une bonne chose. Mettre cet argent-là avec le CICE dans une baisse de charges définitive me paraît beaucoup plus astucieux."

“Nous n’avons jamais réussi à former autant de gens en si peu de temps de façon sérieuse”

L'annonce de former 500 000 chômeurs n'est pas critiquable sur la forme, selon le député, qui "préfère avoir quelqu'un en formation vers des métiers créateurs d'emploi plutôt que quelqu'un qui n'a pas d'emploi du tout". En revanche, Benoist Apparu reste perplexe sur la mise en pratique de la mesure : "Comment va-t-on faire ? Nous n'avons jamais réussi à former autant de gens en si peu de temps de façon sérieuse." L'occasion donc de poser la question au député Les Républicains sur les méthodes préconisées par sa propre famille politique dans la lutte contre le chômage : "Là où le bât blesse, c'est sur la création d'emploi en tant que telle. La France en détruit beaucoup plus qu'elle n'en crée, parce que nous avons aujourd'hui une économie qui, me semble-t-il, est trop corsetée dans un certain nombre de domaines. Le premier élément est le Code du travail et le contrat de travail. Aujourd'hui, nous restons dans un schéma où les employeurs, notamment les plus petits, ont toujours cette inquiétude, quelles que soient les primes qu'on leur donne, d'embaucher quelqu'un en CDI. Notamment parce qu'ils se demandent si demain, lorsque les carnets de commande seront potentiellement un peu moins bons, ils pourront facilement se séparer de cette personne. Personne ne licencie avec le sourire aux lèvres. Tant que nous n'aurons pas réinvesti massivement en recherche et en développement, tant que nous n'arriverons pas à faire grossir nos petites entreprises pour qu'elles deviennent moyennes, elles ne prendront pas de part de marché supplémentaire à l'extérieur. Il faut donc continuer à travailler sur les filières industrielles et économiques."

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